Les angles morts de la misogynie
Baby-sitter colle parfaitement à l’actualité
En sortant d’un match de football, en état d’ébriété, Cédric lance une vulgarité immensément sexiste à une journaliste qui est en direct à la télé. Une phrase qui deviendra virale sur YouTube et qui aura des répercussions sur son couple.
À l’affiche au Théâtre Périscope à partir de mardi, Baby-sitter colle parfaitement à l’actualité, avec cette réflexion sur la misogynie et le féminisme, à un moment où le #Metoo et les actes de dénonciation sont toujours présents dans l’actualité.
« Baby-sitter, c’est d’abord et avant tout une comédie qui est très drôle et très punchée. C’est quelque chose qui nous provoque dans nos préjugés et notre vision du féminisme. Ça nous bouscule, mais en nous faisant rire », a indiqué David Boutin, qui personnifie Cédric.
Le comédien précise que Baby-sitter ne donne pas de réponse et ne fait pas la morale.
« C’est une pièce qui remet en question notre façon de voir le féminisme et la misogynie et qui permet de nous situer par rapport à ce qu’on en pense. Et la grande force de la pièce, c’est de passer par l’humour pour amener cette réflexion », a lancé le comédien David Boutin, lors d’un entretien téléphonique.
Cette phrase vulgaire, anodine, selon Cédric, lancée à l’endroit d’une journaliste sportive, aura des répercussions, lorsque la vidéo deviendra virale.
Il sera suspendu de son emploi, et Nadine, sa conjointe, interprétée par Isabelle Brouillette, exigera qu’il s’excuse rapidement afin de pouvoir passer à autre chose. Elle vient d’accoucher et est en dépression post-partum et le couple ne va pas très bien.
« Le frère de Cédric, Jean-michel (Steve Laplante), qui est journaliste, se définit comme étant un féministe engagé. Il incite Cédric à faire quelque chose et à utiliser cet incident pour combattre la misogynie. Ils vont se lancer dans le projet artistique d’écrire un livre. L’arrivée d’une gardienne (Victoria Diamond) aura des répercussions sur tout le monde », a-t-il raconté.
AU SERVICE DU TEXTE
Cédric, précise David Boutin, est un gars qui ne se pose pas de questions. Il fait des blagues et il n’y voit pas de mal.
« Ce n’est pas un mauvais gars. Il fait ça pour rire. Il va se rendre compte que sa blague était vraiment très niaiseuse et misogyne. Il réalise qu’il a fait une connerie et il va essayer de comprendre comment il pourrait régler ça. Cette blague de mauvais goût va l’amener à changer certaines choses en lui », a-t-il expliqué.
Le défi de comédien de David Boutin était de se mettre au service du texte de Catherine Léger.
« Baby-sitter est tellement bien écrit et très punché. Les personnages, l’humour et le questionnement, tout est là. Le défi, pour moi, était d’être au service du texte et être le plus près des mots. Il n’était pas nécessaire de chercher midi à 14 heures pour inventer des affaires. L’essayer comme ça, ça marche », a-t-il expliqué.
L’auteure Catherine Léger a écrit Baby-sitter avant l’apparition du mouvement #Metoo. Un texte qu’elle a écrit en réaction à un papier d’un journaliste qui disait que les femmes devaient, malheureusement, vivre avec la peur constante d’être violées et agressées.
« Il y avait, là-dedans, un ton paternaliste qui la chicotait et qui a initié l’écriture de cette pièce », a raconté David Boutin.
« Je suis tough avec lui parce que c’est mon frère pis que je l’aime. » – Jean-michel
Baby-sitter est présenté du 13 au 24 novembre au Théâtre Périscope.