Le Journal de Quebec

Le risque de Nicolas Gill

Christa Deguchi pourrait hanter Tokyo en 2020 avec le Canada

- ALAIN BERGERON

Depuis que Nicolas Gill est le patron de Judo Canada, son « projet Christa Deguchi » pourrait devenir le plus analysé d'ici aux Jeux olympiques de Tokyo.

Cette athlète née d'une mère japonaise et d'un père canadien a procuré au Canada sa première médaille féminine de l'histoire à des championna­ts du monde, le 20 septembre dernier, en terminant troisième en Azerbaïdja­n. C'était là son résultat le plus marquant depuis sa décision de concourir dorénavant en tant que Canadienne après une abstention de toute compétitio­n internatio­nale durant trois ans, rendue obligatoir­e après le refus de la fédération japonaise de lui accorder sa libération.

Avec son podium historique et le cinquième rang mondial chez les 57 kilos qu'elle occupe, Gill avoue être rassuré jusqu'à maintenant.

« Oui parce que dans n'importe quelle décision qui crée du mécontente­ment, il y a un risque », soulève le directeur général et directeur de la haute performanc­e à Judo Canada.

Arracher cet espoir de médaille olym- pique du berceau même du judo, là où se dérouleron­t les Jeux en 2020 de surcroît, représente « cinq ans d'effort », selon Gill. Médaillée de bronze et d'argent aux championna­ts mondiaux juniors en 2013 et 2014, couronnée d'or au concours par équipe à ces deux événements, Deguchi a longtemps piqué la curiosité du Canada.

« Pas besoin d'être un expert pour savoir qu'une médaille aux championna­ts mondiaux juniors, ça traduit un haut niveau pour une athlète du Japon. Surtout chez les filles, où ce pays a énormément de profondeur », explique le double médaillé olympique.

MEILLEURES CHANCES AVEC LE CANADA

À distance, le dirigeant québécois a observé l'évolution de l'étudiante en droit. Courtisée par diverses équipes profession­nelles du Japon, sa sortie de l'université de Yamanashi a ouvert une fenêtre pour de nouvelles approches. Dans les différents scénarios qui lui furent soumis, Deguchi a finalement choisi de porter les couleurs du Canada, tout en demeurant au Japon, où ses propres entraîneur­s veillent sur son développem­ent.

Elle ne dispose pas d'un brevet de financemen­t comme ses équipières canadienne­s – elle aurait dû déménager au centre national d'entraîneme­nt à Montréal –, mais sa fédération d'adoption assume ses dépenses lors des compétitio­ns internatio­nales. Pour elle, c'est avec le Canada qu'elle considère avoir de meilleures chances de se qualifier pour les Jeux de 2020 vu la profondeur accrue de son sport au Japon.

« Je voulais me battre. Je voulais me tester pour voir si je pourrais y arriver. Étant donné que je suis aussi Canadienne, j'ai pensé tenter ma chance avec le Canada. Il n'y avait aucune garantie que je réussirais. Je suis reconnaiss­ante du soutien qu'équipe Canada et les Canadiens m'ont témoignée depuis que je me suis jointe à l'équipe », nous a écrit Deguchi par courriel pour expliquer sa décision.

DÉJÀ DES RÉSULTATS

Dès son admissibil­ité comme Canadienne à l'automne 2017, la judoka de 23 ans a aligné quelques coups d'éclat : victoires au Grand Slam de Paris, aux Grand Prix de Zagreb et Hohhot (Chine) et aux championna­ts panamérica­ins, puis troisième aux mondiaux. Si cette native de Nagano débarque aux Jeux en 2020, son histoire fera assurément les manchettes au Japon. Par la bande, Nicolas Gill aussi...

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