Les 37 buts accordés par Price décortiqués
15 buts sur 37 étaient impossibles à arrêter
La récente avalanche de buts marqués contre Carey Price a fait scintiller des lumières rouges dans les patinoires de la Ligue nationale, mais aussi dans bien des chaumières au Québec. Est-ce que ça va durer huit ans comme ça, se demandent certains ? La foi envers le 31 s’ébranle et le débat est émotif.
Bien que Price soit exclu de notre top 30 ( voir le tableau à la page 72) cette semaine, il faut quand même mettre les choses en perspective et notre analyse de ses performances ainsi que de la qualité de ses 37 buts accordés à date tendent à appuyer ce qu’il a dit la semaine dernière lorsqu’il a humblement demandé à ses coéquipiers de l’aider à s’en sortir.
Il peut mieux jouer, mais il aura aussi besoin d’aide.
Le débat serait peut-être moins enflammé si Price avait gagné les trophées Hart et Vézina, l’an dernier. On dirait davantage qu’il traverse une mauvaise passe, comme le pense Martin Brodeur, mais la saison dernière a été épouvantable. Si on oublie la saison 2015-2016, dans laquelle il n’a joué que 12 matchs, Price a fait partie de l’élite dans trois saisons d’affilée, terminant au troisième rang de notre classement informatisé en 2013-2014, au premier rang en 2014-2015 et à la cinquième place en 2016-2017.
Ce qui agace, c’est que 2017, c’est déjà loin, mais il y a deux semaines à peine, Price occupait la 12e position du classement avec un excellent taux d’efficacité de ,922. Ses quatre derniers matchs ont fait plonger l’indice à ,892 et les gens sont inquiets.
Les statistiques varient beaucoup en début de saison et deux autres gagnants du trophée Vézina, Sergei Bobrovsky et Braden Holtby, ont aussi eu des débuts pénibles. Ça ne veut donc pas dire que Price est fini et que les huit prochaines saisons sont foutues.
Est-ce que Price peut mieux jouer ? Certainement. Le reproche que l’on peut lui faire, c’est d’avoir accordé des buts douteux dans des moments clés. Ces buts ont possiblement coûté trois ou quatre points au classement.
Il y a toutefois une chose qui frappe cette année dans la LNH, et c’est la qualité des chances de marquer auxquelles font face les gardiens, en général. Souvent, ils sont carrément impuissants et dans ce contexte, il est juste de faire une analyse des buts marqués contre Price.
LES BONS ET LES MAUVAIS BUTS
Si on veut simplifier les choses, il y a trois sortes de buts qu’un gardien accorde. Il y a les tirs impossibles à arrêter, les tirs arrêtables, mais pas nécessairement faciles, et il y a les mauvais buts, ceux qu’un gardien doit arrêter.
Les tirs impossibles à arrêter ne sont pas si nombreux, du moins en temps normal. Il y a quelques années, je compilais quotidiennement la qualité des buts accordés et ces buts représentaient environ 12 % du total des buts.
TROP DE BUTS DE HAUTE DIFFICULTÉ
En 2018-2019, selon ce qu’on voit dans les résumés de match, le chiffre de 12 % ne tient plus la route. Sans avoir compilé les buts des autres gardiens, j’ai voulu savoir où Price en était et en analysant ses 37 buts, j’ai été abasourdi de réaliser que 15 d’entre eux étaient dans la catégorie des buts non arrêtables. C’est plus de 40 %. C’est énorme !
Il va sans dire que ça doit changer et ça, c’est la part des joueurs devant lui. Il y a eu un peu de malchance parfois. Dans le match contre les Rangers de New York, deux fois ses défenseurs ont coupé des passes lors de surnombres, mais malheureusement, la rondelle est revenue sur le bâton du joueur initial pendant que le gardien se déplaçait dans l’autre direction.
Le Canadien accorde évidemment trop de surnombres, ce qui complique la tâche de Price. Les tirs voilés sont devenus un cauchemar pour les gardiens contre certaines équipes. Price a accordé quatre mauvais buts en 12 matchs, ce qui n’est pas extrême, mais ces buts ont fait mal.
DRYDEN ET FUHR
Le défi pour un gardien, et Ken Dryden l’a toujours dit, c’est d’arrêter ces tirs relativement difficiles, mais pas impossibles, comme le but gagnant de Neal Pionk, des Rangers, qui a gelé Price après avoir traversé la patinoire. Le défenseur Noah Juulsen a aussi figé sur le jeu.
Il semble que mentalement, les gardiens d’aujourd’hui devront adopter le modèle de Grant Fuhr et apprendre être aussi forts à 5 à 5 qu’à 0 à 0. Regardez les pointages. Tous les gardiens passent à la varlope chacun leur tour, et Price fait partie du lot.