Le Journal de Quebec

Elle a caché son bébé dans le coffre de sa voiture pendant deux ans

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TULLE | (AFP) Un procès hors norme s’est ouvert hier en France, celui d’une mère qui a caché aux yeux de tous, mari et enfants inclus, l’existence de son bébé, qu’elle a dissimulé pendant près de deux ans dans le coffre de sa voiture.

« Pas un bébé, mais une chose [...], une chose qui devait être découverte pour vivre », une enfant « à qui elle a commencé à parler à 18 mois, car elle [lui] avait souri ».

Le rappel des déclaratio­ns de la mère aux enquêteurs, au début du procès, a d’emblée souligné l’étrangeté de ce cas aux confluents troubles du déni de grossesse, de la dissimulat­ion et de la maltraitan­ce.

Révélé fin octobre 2013, le cas de « Séréna » — le prénom donné par la mère — « défie l’imaginatio­n », avait souligné le procureur de Brive à l’époque.

ACCUSATION­S

Rosa Maria da Cruz, la mère, âgée de 50 ans, qui comparaît libre devant les assises de Corrèze, est poursuivie pour violences suivies de mutilation ou infirmité permanente sur mineur de 15 ans par ascendant, privation de soins ou d’aliments compromett­ant la santé d’un enfant par ascendant, et dissimulat­ion ayant entraîné atteinte à l’état civil d’un enfant.

Elle, qui n’a pas fait de détention, encourt 20 ans de réclusion.

L’affaire est jugée aux assises en raison du caractère « permanent » des séquelles de l’enfant, révélé par les expertises. Un « défi- cit fonctionne­l à 80 % », un « syndrome autistique vraisembla­blement irréversib­le », a souligné une expertise mi-2016. Et un « lien de causalité » avec les traitement­s subis.

Cet isolement a été révélé fin octobre 2013, lorsqu’un garagiste de Terrasson-lavilledie­u, intrigué par des couinement­s, découvrait l’enfant dans un panier dans le coffre de la Peugeot 307 d’une cliente, qui attendait sur place.

INVRAISEMB­LABLE

Au début du procès dans l’affaire du « bébé du coffre », la lecture de l’état de l’enfant, lors de sa découverte, a glacé le public. Nue, extrêmemen­t sale, déshydraté­e, désarticul­ée, semblant chercher de l’air, les yeux se révulsant, entourée d’excréments, mais aussi de larves, d’asticots, de jouets, peluches, le tout dans une odeur « nauséabond­e ». Il faudra laver quatre fois l’enfant à l’hôpital avant de l’en défaire.

« C’est très dur d’être confrontée à la réalité, au mal que je lui ai fait », a déclaré dans ses premiers mots à la barre Rosa Maria da Cruz, qui s’était départie d’une expression triste et digne pour écraser des larmes, en entendant le rappel des faits.

Séréna, qui aura 7 ans fin novembre, vit à présent en famille d’accueil. Ses trois frères et soeurs, âgés de 9 à 15 ans, ont été rendus au couple après avoir été un temps placés.

Le mari a bénéficié d’un non-lieu. Rien, estime la justice, ne permet d’infirmer ce qu’il a toujours soutenu : il n’a jamais rien su de la grossesse, puis de l’existence de l’enfant.

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PHOTO AFP Rosa Maria da Cruz, la mère, âgée de 50 ans, a comparu hier à Corrèze, en France.

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