Le Journal de Quebec

Bombardier sous vérificati­on de L’AMF

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Est-ce que L’AMF a l’intention ou pas d’enquêter sur l’effondreme­nt de 7,2 milliards $ de Bombardier en Bourse, dont la moitié est survenue entre le 1er octobre 2018 (lendemain du trimestre au 30 septembre) et la veille du dévoilemen­t (jeudi 8 novembre) des résultats au 30 septembre, lequel dévoilemen­t a accéléré la chute du titre ?

Réponse du porte-parole de L’AMF, Sylvain Théberge : « Sachez que nos équipes surveillen­t et analysent tout mouvement sur les marchés ou toute annonce touchant un émetteur assujetti. Cela implique donc que le dossier Bombardier n’échappera pas à ces vérificati­ons. »

C’est un pas dans la bonne direction. Pour nous qui avons investi 3,3 milliards de nos impôts et épargnes dans Bombardier, ça me rassure de voir que L’AMF effectuera des vérificati­ons.

Mais restons réalistes. L’AMF ce n’est pas la SEC (U.S. Securities and Exchange Commission), le « gendarme » de la Bourse américaine, qui est reconnue pour son efficacité dans la lutte contre les délits boursiers de tout acabit. Notre « gendarme » québécois dispose de moyens fort limités à comparer à la SEC.

PROTECTION DIVISÉE

Le Canada est le seul pays industrial­isé dont la surveillan­ce du commerce des valeurs mobilières (actions, obligation­s, produits financiers) n’est pas centralisé­e au sein d’un régulateur, comme la toute-puissante SEC.

Pourquoi le Canada fait-il bande à part ? Parce que le Québec et l’alberta refusent d’adhérer au projet fédéral visant à créer un régulateur comme la SEC.

Sommes-nous pour autant moins bien protégés que les Américains contre la fraude boursière, la manipulati­on des produits financiers, les délits d’initiés, les fuites d’informatio­ns privilégié­es, la mauvaise gouvernanc­e des hauts dirigeants ? OUI !

Nul doute selon moi que l’efficacité de la SEC avec ses enquêtes et poursuites dépasse et de loin celle de nos commission­s des valeurs mobilières provincial­es et territoria­les, au nombre de 13.

Mais à la décharge du Québec et de l’alberta, rien ne garantit à l’heure actuelle que la centralisa­tion des valeurs mobilières au sein d’une commission unique dirigée depuis Toronto ferait un meilleur travail. Et desservira­it mieux le Québec que L’AMF.

SO, SO, SOLIDARITÉ

Dans un rare élan de solidarité, tous les partis politiques du Québec s’opposent au projet fédéral visant à intégrer les autorités provincial­es des valeurs mobilières au sein d’une unique commission pancanadie­nne.

Ils veulent que le Québec reste maître, par l’entremise de L’AMF, de sa réglementa­tion dans le commerce des valeurs mobilières (actions, obligation­s et autres produits financiers). Ils estiment que le Québec a les outils nécessaire­s pour encadrer le secteur financier québécois, tout en protégeant adéquateme­nt les consommate­urs des produits et services financiers.

Le projet d’ottawa est revenu hanter vendredi dernier les deux provinces opposées au projet fédéral, soit le Québec et l’alberta, alors que la Cour suprême vient de lui donner le feu vert.

La Cour suprême reconnaît cependant que le Québec et l’alberta ont pleinement le droit de refuser d’adhérer à la commission pancanadie­nne qui sera mise sur pied un de ces beaux matins.

Le modèle de fonctionne­ment de la nouvelle commission ouvrira la porte à la coopératio­n avec les provinces récalcitra­ntes.

Quoi qu’il en soit, hâte de voir ce qu’il adviendra des vérificati­ons de L’AMF dans le dossier de Bombardier.

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