Squats, privation de repas et violence
Nouveau témoignage au procès du pasteur Guillot
Faire 8000 squats en une journée sans manger. Se tenir debout bien droit des jours. Être privé de repas plus de 48 heures. Être frappé à en avoir une ecchymose. Les « conséquences » qu’a reçues Maxime (prénom fictif) à l’école clandestine de Claude Guillot étaient tellement intenses qu’elles l’ont mené à vouloir s’ouvrir le crâne.
La sixième et dernière présumée victime du pasteur baptiste a témoigné hier au procès de l’homme de 68 ans, qui subit son procès pour des sévices psychologiques et physiques qu’il aurait commis à l’endroit d’anciens élèves.
Maxime, aujourd’hui âgé de 21 ans, est carrément « né » dans ce qu’il appelle cette « secte », coupée du monde extérieur. Il est atteint d’un syndrome de stress post-traumatique. À l’âge de 11 ans, en 2008, ses parents l’ont placé à l’école chrétienne clandestine de Guillot située dans la résidence du pasteur dans le quartier Chauveau. Il y est demeuré comme élève 24 h sur 24 jusqu’en 2014.
« ESCLAVES »
Il raconte que pour Guillot, lui et les autres garçons étaient comme des « esclaves ». Le moindre faux pas était matière à conséquence dans son cas : faire la baboune, bourrasser, lancer une gomme à effacer, même s’arracher une peau sur un doigt méritait une sévère correction.
Maxime est celui qui a fait le plus de squats. C’était souvent par milliers. Une journée, Guillot l’a forcé à en faire 8000, dit-il. « J’ai eu le droit de boire et manger seulement après. J’étais épuisé. Deux semaines après, j’avais encore de la misère à m’accroupir tellement ça faisait mal. »
Il a aussi été privé de nourriture pendant quelques jours consécutifs à plusieurs reprises. Guillot s’appuyait sur des versets de la Bible pour justifier ces privations. « Ça, c’était juste terrible. Quand je recommençais à manger, ça me faisait mal », se souvient-il.
Il explique avoir été frappé par le pasteur de nombreuses fois. Il a reçu des coups de poing au plexus de Guillot, qui « s’enrageait » parce qu’il n’était pas capable de compléter les push-ups imposés. « Ça fait vraiment mal, j’avais du mal à respirer après, et je me ramassais des fois à terre. »
Il se rappelle avoir été frappé au visage à en avoir eu un bleu sur la joue et saigné du nez. « Quand il me frappait, il était en très grande colère. »
JEU PROSCRIT
Le jeune homme affirme avoir déjà tenté de se frapper la tête en espérant que « le crâne lui ouvrirait », tellement ce qu’il endurait était « intense » chez Guillot.
Puisque le jeu était proscrit chez le pasteur, Maxime a appris après sa sortie de l’école, en 2014, à faire du vélo, à jouer aux Lego et aux jeux vidéo, par exemple.
« Je ne savais pas c’était quoi Noël. Je n’avais jamais touché une manette de télé de ma vie. »