Le Journal de Quebec

Squats, privation de repas et violence

Nouveau témoignage au procès du pasteur Guillot

- SOPHIE CÔTÉ

Faire 8000 squats en une journée sans manger. Se tenir debout bien droit des jours. Être privé de repas plus de 48 heures. Être frappé à en avoir une ecchymose. Les « conséquenc­es » qu’a reçues Maxime (prénom fictif) à l’école clandestin­e de Claude Guillot étaient tellement intenses qu’elles l’ont mené à vouloir s’ouvrir le crâne.

La sixième et dernière présumée victime du pasteur baptiste a témoigné hier au procès de l’homme de 68 ans, qui subit son procès pour des sévices psychologi­ques et physiques qu’il aurait commis à l’endroit d’anciens élèves.

Maxime, aujourd’hui âgé de 21 ans, est carrément « né » dans ce qu’il appelle cette « secte », coupée du monde extérieur. Il est atteint d’un syndrome de stress post-traumatiqu­e. À l’âge de 11 ans, en 2008, ses parents l’ont placé à l’école chrétienne clandestin­e de Guillot située dans la résidence du pasteur dans le quartier Chauveau. Il y est demeuré comme élève 24 h sur 24 jusqu’en 2014.

« ESCLAVES »

Il raconte que pour Guillot, lui et les autres garçons étaient comme des « esclaves ». Le moindre faux pas était matière à conséquenc­e dans son cas : faire la baboune, bourrasser, lancer une gomme à effacer, même s’arracher une peau sur un doigt méritait une sévère correction.

Maxime est celui qui a fait le plus de squats. C’était souvent par milliers. Une journée, Guillot l’a forcé à en faire 8000, dit-il. « J’ai eu le droit de boire et manger seulement après. J’étais épuisé. Deux semaines après, j’avais encore de la misère à m’accroupir tellement ça faisait mal. »

Il a aussi été privé de nourriture pendant quelques jours consécutif­s à plusieurs reprises. Guillot s’appuyait sur des versets de la Bible pour justifier ces privations. « Ça, c’était juste terrible. Quand je recommença­is à manger, ça me faisait mal », se souvient-il.

Il explique avoir été frappé par le pasteur de nombreuses fois. Il a reçu des coups de poing au plexus de Guillot, qui « s’enrageait » parce qu’il n’était pas capable de compléter les push-ups imposés. « Ça fait vraiment mal, j’avais du mal à respirer après, et je me ramassais des fois à terre. »

Il se rappelle avoir été frappé au visage à en avoir eu un bleu sur la joue et saigné du nez. « Quand il me frappait, il était en très grande colère. »

JEU PROSCRIT

Le jeune homme affirme avoir déjà tenté de se frapper la tête en espérant que « le crâne lui ouvrirait », tellement ce qu’il endurait était « intense » chez Guillot.

Puisque le jeu était proscrit chez le pasteur, Maxime a appris après sa sortie de l’école, en 2014, à faire du vélo, à jouer aux Lego et aux jeux vidéo, par exemple.

« Je ne savais pas c’était quoi Noël. Je n’avais jamais touché une manette de télé de ma vie. »

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, SOPHIE CÔTÉ ?? Le pasteur Claude Guillot subit son procès pour des sévices qu’il aurait commis à l’endroit d’anciens élèves.
PHOTO D’ARCHIVES, SOPHIE CÔTÉ Le pasteur Claude Guillot subit son procès pour des sévices qu’il aurait commis à l’endroit d’anciens élèves.

Newspapers in French

Newspapers from Canada