Le Journal de Quebec

L’AJLNH ne remplit pas son devoir

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Ce n’est pas une bonne semaine pour les victimes de commotions cérébrales dans la Ligue nationale de hockey.

Lundi, 146 anciens joueurs ont appris qu’ils recevront une bien mince compensati­on s’ils acceptent l’entente de principe intervenue dans la cause qui les opposait à la ligue.

Mardi, un arbitre a réduit de 20 à 14 matchs la suspension qui avait été imposée à Tom Wilson, des Capitals de Washington, pour avoir frappé Oskar Sundqvist à la tête lors d’un match préparatoi­re.

Non sans raison, Gary Bettman subit des critiques pour ses prises de position dans le dossier des commotions. Le commissair­e de la LNH s’entête à dire qu’il n’y a pas de lien entre les coups à la tête et la présence d’encéphalop­athie traumatiqu­e chronique relevée sur les cerveaux d’anciens joueurs décédés.

DÉFENDRE L’INDÉFENDAB­LE

Mais que fait l’associatio­n des joueurs ?

En interjetan­t appel au nom de Wilson, un récidivist­e notoire qui en était à sa quatrième offense du genre en 105 matchs, l’associatio­n a défendu l’agresseur et laissé tomber sa victime.

Oskar Sundqvist, des Blues de St. Louis, a eu plus de chance que Marc Savard lorsque Wilson lui a appliqué une mise en échec semblable à celle que Matt Cooke avait servie à Savard.

Sundqvist a été blessé moins sérieuseme­nt que l’ancien joueur de centre des Bruins. Mais il est fragilisé. Il risque de ressentir des conséquenc­es plus tard dans sa vie.

LE PLAIDOYER DE BRUNET

L’associatio­n des joueurs existe pour défendre les droits légitimes de ses membres. Elle n’a pas à se porter à la défense des joueurs qui sont sanctionné­s pour avoir contrevenu à des règles de sécurité dans le feu de l’action.

Benoît Brunet avait fait ce plaidoyer lorsqu’il évoluait avec le Canadien. J’avais eu une conversati­on musclée sur le sujet avec Bob Goodenow, le directeur général de l’associatio­n des joueurs de l’époque. Alors que le volume de sa voix montait d’un décibel à la seconde, il m’avait enfoncé un doigt dans la poitrine.

Le monsieur n’avait pas apprécié les propos de Brunet et mes questions.

C’était il y a 20 ans ou même plus, et rien n’a vraiment changé à ce chapitre.

Pourquoi l’associatio­n des joueurs n’a-t-elle pas payé les frais juridiques de ses anciens membres dans leur poursuite contre la ligue ?

À l’annonce du règlement à l’amiable survenu au début de la semaine, son actuel directeur général, Donald Fehr, s’est dit heureux pour les deux parties que le dossier en arrive à cette conclusion.

« J’espère que les gens reprendron­t leur vie et que l’on pourra discuter de ces enjeux avec la ligue sans avoir à gérer les impacts du litige », a-t-il dit.

SI LES MATAMORES ONT DISPARU

Il faut admettre que la LNH a fait certains progrès ces dernières années. Sa sensibilis­ation à la dangerosit­é des coups à la tête a mené à la disparitio­n des matamores. Les bagarres ont diminué considérab­lement.

Le comité de sécurité des joueurs, dirigé par George Parros, doit continuer à infliger des sentences exemplaire­s. Elle a le devoir de protéger ses membres victimes de coups salauds et violents.

Chaque saison, des personnes faisant partie du comité de sécurité des joueurs de la ligue éduquent les joueurs avec des vidéos sur les coups dangereux. Mais il revient aussi aux joueurs d’en parler entre eux.

À l’annonce du règlement à l’amiable survenu au début de la semaine, l’ancien dur à cuire Daniel Carcillo a exprimé le souhait que les anciens joueurs impliqués dans la poursuite rejettent l’entente.

Il souhaite que Wayne Gretzky utilise sa notoriété pour venir en aide aux joueurs qui lui ont servi de gardes du corps durant sa carrière.

Carcillo estime que le manque d’appui de joueurs renommés a mené au résultat annoncé lundi. Il a raison, en ce qui concerne Gretzky, il lui faudrait abandonner son rôle d’ambassadeu­r avec la Ligue nationale et son poste de vice-président avec les Oilers d’edmonton.

Mario Lemieux est copropriét­aire des Penguins de Pittsburgh. Luc Robitaille occupe le siège de président des Kings de Los Angeles. Steve Yzerman était jusqu’en septembre directeur général du Lightning de Tampa Bay.

La loi du plus fort prévaut presque toujours.

 ?? PHOTO USA TODAY ?? De retour au jeu mardi après que sa suspension eut été réduite de 20 à 14 matchs, Tom Wilson, des Capitals, n’a pas tardé à faire sentir sa présence en fonçant sur Devan Dubnyk, du Wild.
PHOTO USA TODAY De retour au jeu mardi après que sa suspension eut été réduite de 20 à 14 matchs, Tom Wilson, des Capitals, n’a pas tardé à faire sentir sa présence en fonçant sur Devan Dubnyk, du Wild.

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