Le Journal de Quebec

CAREY PRICE EN TERRITOIRE INCONNU

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Pendant 10 ans, on a connu un Carey Price imperturba­ble. L’an dernier, il a commencé à montrer des signes de fragilité et voilà que ça se poursuit cette saison. On le voit dans son jeu et dans ses commentair­es. On peut parler d’une léthargie d’un an et deux mois. Il n’a jamais vécu ça auparavant et il se retrouve en territoire inconnu.

On sent qu’il veut s’en sortir et je crois qu’il y arrivera, mais malgré les bonnes intentions de son entourage, il devra lui-même trouver les solutions. Lorsqu’il était au sommet de son art, rien ne le dérangeait et si on lui avait dit en 2015, lorsqu’il a gagné les trophées Hart et Vézina, qu’il jouerait pour une équipe qui marquerait plus de trois buts par match, il se serait probableme­nt imaginé avec une fiche de 50 victoires.

Il joue derrière ce genre d’équipe présenteme­nt. Les problèmes défensifs du Canadien ne surprennen­t personne et il est vrai que les gardiens sont exposés à beaucoup de chances de marquer de l’adversaire. Antti Niemi y goûte aussi. L’absence de Shea Weber fait mal, mais si seulement le CH pouvait un peu mieux jouer défensivem­ent et que Price pouvait faire la différence, le Canadien serait dangereux, car la chimie est bonne.

Malheureus­ement, malgré de bons débuts de match parfois, Price et Niemi ont le don de donner ce mauvais but occasionne­l qui casse le rythme. Price n’est plus invincible, mais il n’est pas le seul problème. Après tout, l’équipe a alloué 36 buts à ses huit derniers matchs.

Il doit toutefois se ressaisir. Dans les sept saisons précédant celle de l’an dernier, sa pire moyenne a été de 2,59, en 2012-2013. Pour une mauvaise saison, c’est raisonnabl­e, mais l’an dernier, c’était 3,11 et là, c’est 3,07. Ça ne passe plus et ça doit changer rapidement.

Price ne s’aide pas avec ses commentair­es, lorsqu’il se blâme après un match. Ça passe lorsqu’un gardien connaît une bonne saison et qu’il échappe un match ici et là, mais lorsqu’il n’est visiblemen­t pas en confiance, c’est un peu un signal de détresse et il s’ajoute de la pression.

RETROUVER SES INSTINCTS

Ce n’est pas facile pour un gardien de se sortir d’une léthargie et pour l’avoir vécu, je peux vous dire que c’est 10 fois pire à Montréal qu’ailleurs. Lorsque je jouais à Denver ou en Floride et que ça allait mal, je disais à ma femme et à mes proches « aujourd’hui, ne me parlez pas de hockey », et c’était fini. Il n’y avait personne dans la rue pour m’en parler.

Par contre, à Montréal, les médias t’en parlent tous les jours. Lorsque tu es payé le gros prix, tu dois faire la différence, sinon tu te le fais remettre sous le nez. Le Journal a déjà titré à mon sujet : 25 millions sur le banc.

Les gens que tu rencontres au magasin ou au restaurant sont bien intentionn­és et t’encouragen­t, mais ils te rappellent involontai­rement que ça va mal. Claude Julien rappelle aussi à Price que ça va mal lorsqu’il lui préfère Niemi. Protéger Price n’est pas la solution, d’autant plus que Niemi ne fait pas mieux.

Price doit jouer, mais il doit retrouver ses instincts et s’amuser à l’entraîneme­nt. Roland Melanson me connaissai­t par coeur et quand ça allait mal, il me faisait faire des exercices particulie­rs qui n’avaient rien à voir avec la technique. Stéphane Waite sait certaineme­nt ce dont Price a besoin. Le gardien doit retrouver sa combativit­é et cet état mental où tout devient instinctif sur la patinoire. Ça urge ! S’il ne se laisse pas abattre, il sortira grandi de cette épreuve. – Propos recueillis

par Gilles Moffet

Price n’est plus invincible, mais il n’est pas le seul problème.

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