Le Journal de Quebec

ENCORE ELLE JEUDI

Son conjoint se défend d’avoir fait avec elle un tour de « passe-passe »

- ALEXANDRE ROBILLARD – Avec Philippe Langlois

L’ex-lieutenant­egouverneu­re Lise Thibault, coupable de fraude, a tenté de se servir de son conjoint pour éviter de rembourser 250 000 $.

Les créanciers de l’ex-lieutenant­e-gouverneur­e Lise Thibault, reconnue coupable de fraude, ont obtenu l’autorisati­on d’aller récupérer des actifs qu’elle avait transférés à son conjoint, a appris notre Bureau d’enquête.

Mme Thibault, actuelleme­nt en faillite, est sortie de prison en juin 2016. Elle avait plaidé coupable à des accusation­s de fraude et d’abus de confiance.

Confrontée aux réclamatio­ns du gouverneme­nt du Québec et du Canada, l’ex-lieutenant­e-gouverneur­e avait décidé de vendre sa maison de Saint-hippolyte à son conjoint, Réal Cloutier.

La transactio­n, d’une valeur de 556 000 $, a été effectuée en juillet 2016. Cela lui a permis d’acquitter la réclamatio­n des gouverneme­nts, qui totalisait 300 000 $, pour ses dépenses injustifié­es.

En septembre dernier, la juge à la Cour supérieure Marie-anne Paquette a conclu que M. Cloutier a finalement bénéficié d’un prix moins élevé que celui de 556 000 $ qui avait été déclaré.

UN QUART DE MILLION À REMETTRE

La magistrate a condamné M. Cloutier à payer au syndic Raymond Chabot, chargé de la faillite de Mme Thibault, la différence entre le prix déclaré et le prix payé réellement, soit 146 918,12 $.

Le tribunal condamne également le conjoint de Mme Thibault à rendre au syndic une somme de 100 000 $ qu’elle lui avait versée en octobre 2015.

Dans une entrevue à notre Bureau d’enquête, M. Cloutier soutient avoir agi de bonne foi. Il assure que ces transactio­ns ne visaient pas à contourner les règles ou à soustraire ces actifs aux créanciers de Mme Thibault, parmi lesquels Revenu Québec et l’agence du revenu du Canada.

« N’importe quand, si on veut me poursuivre, légalement parlant ou même criminel, en référant à une passe-passe, ce n’est pas une passe-passe du tout. »

M. Cloutier affirme qu’il avait convenu avec l’ex-lieutenant­e-gouverneur­e de verser moins que prévu pour l’achat de la maison de Saint-hippolyte où ils vivent ensemble actuelleme­nt.

Cette décision a été prise parce qu’il avait fait des travaux. « J’ai acheté du matériel, de la peinture », dit-il.

Quant à la somme de 100 000 $, elle servait à le rembourser pour des frais d’avocat qu’il avait payés pour sa conjointe.

DIFFICULTÉ­S FINANCIÈRE­S

M. Cloutier s’attend à ce que la résidence de Saint-hippolyte soit peut-être saisie, car le couple n’a pas les moyens de payer les nouvelles sommes demandées.

« J’ai mis toute ma capacité d’emprunt dans les paiements que j’ai faits depuis cinq ans », a-t-il dit.

Selon un syndic que nous avons consulté, la loi permet de réviser les transactio­ns de Mme Thibault. « Ses créanciers ont été privés de ces montants », a dit Stéphane Leblond.

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 ?? PHOTO MARTIN CHEVALIER ET D’ARCHIVES DIDIER DEBUSSCHÈR­E ?? La maison de Saint-hippolyte, près de Saint-adèle, dans les Laurentide­s, que Lise Thibault a vendue à son conjoint. En mortaise, Mme Thibault et son conjoint Réal Cloutier au palais de justice de Québec, le 30 septembre 2015.
PHOTO MARTIN CHEVALIER ET D’ARCHIVES DIDIER DEBUSSCHÈR­E La maison de Saint-hippolyte, près de Saint-adèle, dans les Laurentide­s, que Lise Thibault a vendue à son conjoint. En mortaise, Mme Thibault et son conjoint Réal Cloutier au palais de justice de Québec, le 30 septembre 2015.

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