Les meurtriers ados sont plus impulsifs
Les homicides par des mineurs sont rares au Québec et la réinsertion plus facile
Les rares cas d’adolescents accusés de meurtre au Québec sont le résultat d’actes impulsifs, selon des experts en délinquance juvénile, ce qui rend la réinsertion plus probable avec un bon encadrement.
« C’est vraiment peu fréquent [qu’un jeune soit accusé d’un homicide] si on se compare à d’autres pays, concède la criminologue Michèle Goyette. C’est encore plus rare quand c’est de sang-froid. »
Depuis 2013, on recense moins de trois inculpations de suspects mineurs par année pour des meurtres au Québec.
Sans analyser directement le cas des deux jeunes de 17 ans accusés mercredi du meurtre non prémédité d’un garçon du même âge dans le quartier de L’île-des-soeurs à Montréal, elle rappelle que l’impulsivité et l’immaturité entrent souvent en ligne de compte.
Selon les policiers, l’adolescent serait décédé de ses blessures dans un vol qualifié qui aurait mal tourné.
« Les profils sont vraiment différents d’un cas à l’autre. Il faut penser à l’état de santé mentale, la consommation de stupéfiants et l’agressivité générale » détaille Mme Goyette.
Le parcours personnel et l’engagement dans la délinquance, comme l’implication dans un gang, sont d’autres facteurs.
« La violence entre adolescents est moins présente de manière générale aussi. Nous avons de bonnes mesures de prévention et nous vivons dans une société où les inégalités sociales sont moindres », poursuit celle qui est présidente de l’ordre professionnel des criminologues du Québec.
JUSTICE ADAPTÉE
La Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents est axée sur la réhabilitation et propose des sanctions moins sévères, sauf pour quelques rares exceptions.
« Le Tribunal de la jeunesse juge les mêmes crimes avec des procédures un peu différentes, explique Me Dominique Boutin, vulgarisatrice pour l’organisme Éducaloi. On présume que les jeunes accusés sont moins matures. »
Cependant, la Couronne peut demander une peine pour adulte dans le cas de crimes graves si le contrevenant a plus de 16 ans.
S’il est trouvé coupable, le juge devra évaluer plusieurs critères comme l’âge, la maturité et la personnalité du jeune concerné tout comme ses antécédents de délinquance ou la gravité des gestes.
« Même si un adolescent est condamné à une peine pour adulte, il pourra demander une libération conditionnelle plus rapidement que quelqu’un de majeur », explique Me Amélie St-denis, chargée de cours à l’université de Montréal.
Il recevra tout de même du soutien en centre jeunesse jusqu’à la majorité avant de prendre le chemin de la prison.