La misogynie en folie
Baby-sitter navigue entre la comédie et l’absurde
La misogynie et les inconduites sexuelles ont été, au cours des dernières années, au coeur de l’actualité. Baby-sitter pose un regard humoristique, grinçant et avec une teinte d’absurdité, sur les dérapages associés à ces enjeux.
À l’affiche au Théâtre Périscope jusqu’au 24 novembre, Baby-sitter a pour point de départ le phénomène « fuckher right in thepussy », où des gens lancent, par défi, ce collage de vulgarités à une journaliste qui est en direct à la télé.
Après avoir assisté à un match de football des Alouettes de Montréal, Cédric, qui était en état d’ébriété, adresse la version québécoise de cette vulgarité à l’endroit de la journaliste Chantal Machabée.
La vidéo devient virale sur Youtube, et Cédric est suspendu par son employeur.
Sur les conseils de son frère Jean-michel, qui est journaliste, les deux hommes se lanceront dans l’écriture d’un livre où ils s’excuseront pour le comportement sexiste des hommes.
Le ton est donné dès l’ouverture de la pièce. C’est vif, direct et cru par moment.
« L’adulescent » immature, habité à la perfection par David Boutin, explique qu’il voulait juste faire une blague. Jean-michel (Steve Laplante) est outré par ce que son frère, en couple avec Nadine (Isabelle Brouillette) et père d’une petite fille de cinq mois, a fait.
PLONGÉE DANS L’ABSURDE
L’auteure Catherine Léger a choisi de faire porter le message féministe revendicateur par le personnage de Jean-michel. Nadine, en opposition, est préoccupée, mais pas autant que le frère, au sujet de son conjoint. Elle souhaite que Cédric s’excuse rapidement afin de pouvoir passer à autre chose.
L’arrivée de l’étrange gardienne Émy, au beau milieu de cette démarche entourant l’écriture du livre Sexiest Story, provoquera une rupture de ton. La comédie part tout à coup dans une tout autre direction et plonge dans l’absurde.
La « baby-sitter », quelque peu délurée, interprétée par Victoria Diamond, se lancera dans un étrange jeu de rôles rempli de malaises. Une situation qui déstabilisera Cédric et Jean-michel, mais qui fera du bien à Nadine, qui est en plein post-partum.
Une rupture de ton réussie, mais qui s’éloigne des enjeux qui sont en cause.
Comme si l’auteure, irritée par ce débat sur le sexisme, la lourdeur des enjeux et les dérapages qui y sont liés, avait décidé qu’elle en avait assez et choisi d’en rire, sans prise de tête et sans se prendre au sérieux. Baby-sitter expose une problématique et le fait de façon divertissante et surtout surprenante.