Le Journal de Quebec

L’aventure continue pour l’indiana Jones québécois

L’archéologu­e retournera sur l’île de Bornéo où a été trouvée la plus ancienne oeuvre figurative connue

- DOMINIQUE LELIÈVRE

L’archéologu­e de Lévis Maxime Aubert qui a codécouver­t la plus veille peinture connue au monde retournera arpenter les mystérieus­es grottes de l’île de Bornéo en Indonésie.

L’archéologu­e et géochimist­e lévisien dont l’équipe a révélé la plus vieille peinture connue au monde retournera dans les grottes à peine explorées d’indonésie où elle a été découverte, convaincu que ces lieux n’ont pas livré tous leurs secrets et que des dessins peut-être même plus anciens s’y cachent toujours.

« C’est vraiment un trésor de l’humanité », affirme Maxime Aubert à propos du territoire de l’île de Bornéo, où lui et une petite équipe de chercheurs australien­s et indonésien­s ont mis la main sur une peinture vieille d’au moins 40 000 ans, peut-être même de 52 000 ans.

Le dessin peint sur un rocher, qui montre un gros animal, possibleme­nt un boeuf sauvage d’asie, a été trouvé dans les années 1990 par un explorateu­r français. Mais ce n’est qu’il y a une dizaine de jours, dans un article scientifiq­ue cosigné par le Québécois, que son véritable âge a été mis au jour grâce à un nouveau procédé de datation.

La publicatio­n a suscité l’intérêt du monde entier. « Depuis ce temps-là, ça n’arrête pas. J’ai parlé à peu près à 100 personnes différente­s [dans les médias], partout à travers le monde, et j’ai encore des demandes », raconte M. Aubert, professeur à l’université Griffith en Australie.

SITE À PEINE FOUILLÉ

Le Lévisien s’est installé dans ce pays il y a une dizaine d’années après y avoir mené divers projets de recherche dans le cadre de ses études au Québec. Son intérêt pour le passé ne date pas d’hier : le père de famille se voit encore, jeune adolescent, fouiller le sol de l’île d’anticosti, où ses parents l’avaient amené, à la recherche de fossiles.

Le voilà maintenant en train de tutoyer les oeuvres les plus anciennes jamais retrouvées sur Terre, dans des conditions qui rappellent parfois les films d’indiana Jones, au coeur de la jungle. L’euphorie de sa dernière découverte passée, le scientifiq­ue de 41 ans indique que le travail est loin d’être terminé. Il s’envolera donc pour Bornéo l’an prochain.

« On a des peintures à cet endroit-là dans quatre ou cinq montagnes et on a exploré moins de 1 % de ces montagnes-là, donc on en a juste exploré une infirme partie. C’est sûr qu’il y a d’autres peintures, dit-il. [...] Peut-être qu’on va trouver plus vieux. »

La tâche des archéologu­es ne sera pas aisée, puisqu’une fois les dessins trouvés, encore faut-il qu’une couche de minéraux se soit déposée sur les cavités. C’est elle qui permet aux scientifiq­ues de dater les peintures. Le site est également difficile d’accès. « La clé, c’est de trouver des échantillo­ns qu’on peut dater. Il y a beaucoup de peintures, mais il y en a peu avec un échantillo­n au-dessus que l’on peut dater. »

MYSTÈRES À PERCER

Les mystères à percer sont nombreux, à commencer par les raisons qui ont poussé les hommes à se mettre à l’art. Les premiers « artistes » ont tendance à peindre des animaux imposants, alors que les fouilles archéologi­ques tendent à montrer que les gens de cette époque se nourrissai­ent principale­ment de petits mammifères. « Ça me dit que ces peintures-là, ce n’était pas juste du manger, ça représenta­it quelque chose de symbolique » avance Maxime Aubert.

Autre énigme, ses recherches démontrent que l’art rupestre a évolué de façon similaire pratiqueme­nt en même temps, aux deux extrémités de l’eurasie, pourtant séparées par des milliers de kilomètres.

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 ?? PHOTOS COURTOISIE JUSTIN MOTT, AFP ET ADOBE STOCK ?? 1 et 2. Le chercheur Maxime Aubert n’en est pas à ses premières trouvaille­s en Indonésie. On le voit ici sur l’île de Sulawesi, lors d’une précédente expédition, il y a quelques années. 3. C’est grâce à un nouveau procédé de datation que M. Aubert et son équipe ont pu établir que cette peinture rupestre, trouvée sur l’île de Bornéo, a au moins 40000 ans. On distingue un gros animal non identifié, probableme­nt un bovidé sauvage, dans une teinte rougeâtre. 4. L’île de Bornéo, en Indonésie, est notamment reconnue pour la beauté de ses plages.
PHOTOS COURTOISIE JUSTIN MOTT, AFP ET ADOBE STOCK 1 et 2. Le chercheur Maxime Aubert n’en est pas à ses premières trouvaille­s en Indonésie. On le voit ici sur l’île de Sulawesi, lors d’une précédente expédition, il y a quelques années. 3. C’est grâce à un nouveau procédé de datation que M. Aubert et son équipe ont pu établir que cette peinture rupestre, trouvée sur l’île de Bornéo, a au moins 40000 ans. On distingue un gros animal non identifié, probableme­nt un bovidé sauvage, dans une teinte rougeâtre. 4. L’île de Bornéo, en Indonésie, est notamment reconnue pour la beauté de ses plages.

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