Préparation à une attaque biologique
Les autorités veulent être prêtes en cas d’incidents comme ceux survenus aux États-unis et en Grande-bretagne
La menace d’une attaque biologique comme ont connue les États-unis et la Grande-bretagne n’est peut-être pas « imminente » au Québec, mais les autorités se préparent pour être en mesure d’y faire face.
« C’est réel, il y a eu des victimes. On n’a pas le choix d’être prêts », mentionne le sergent Steve Doré, responsable des équipes de réponse en cas d’incident chimique, biologique, radiologique, nucléaire et explosif (CBRNE), rattaché à la Direction des mesures d’urgence de la Sûreté du Québec (SQ).
Le policier fait notamment référence aux quatre empoisonnements au novitchok, un agent innervant d’origine soviétique, à Salisbury en Angleterre, en mars et juillet derniers.
S’il n’y a jamais eu de situation de cette ampleur au Québec, les appels pour des vérifications de lettres suspectes dans les centres de tri postaux sont fréquents.
GRANDEUR NATURE
Par –10 degrés Celsius la semaine dernière, Lejournal a accompagné une soixantaine de policiers qui participaient à un exercice grandeur nature dans un hôtel désaffecté de Boucherville, en Montérégie.
Le scénario était simple : un homme s’est présenté aux urgences avec des symptômes grippaux. Après analyse, cependant, les autorités découvrent qu’il s’agit plutôt d’une contamination à la maladie du charbon.
Les policiers doivent donc maintenant découvrir la source de la contamination et la neutraliser.
À l’intérieur de l’appartement, les premiers intervenants sont confrontés à une valise munie d’un mécanisme explosif et d’une poudre blanche non identifiée. Dans une autre pièce se trouve le laboratoire artisanal pour cultiver la bactérie.
Les spores sont extrêmement volatiles et quelques microns suffisent à contaminer un bâtiment.
« Quand on sait ce que l’on fait, c’est beaucoup moins dangereux. D’où l’importance de pratiquer, explique le sergent Doré. Le scénario est conçu pour que les policiers fouillent et soient confrontés à des problèmes à résoudre. »
SÉCURITÉ
Par exemple, les contrastes de température en cette journée froide embuent systématiquement la visière des combinaisons de protection, forçant les techniciens à se contorsionner pour l’essuyer.
Vers la fin d’une exploration, l’un des spécialistes subira une coupure superficielle à une jambe. Les paramédicaux du Groupe d’intervention médicale tactique d’urgences-santé, qui ont la même formation que les policiers, entrent en scène.
Les spécialistes sous sa gouverne sont aussi appelés à démanteler des laboratoires clandestins de drogues de synthèse, comme ce fut le cas il y a quelques semaines à Mirabel.
« La grande différence, c’est la dangerosité des produits. Dans un laboratoire de stupéfiants, ce sont des produits chimiques industriels. Quand on parle de CBRNE, c’est fait pour s’attaquer à la population », rappelle M. Doré.
Cet exercice annuel permet aussi d’améliorer la coordination entre les différentes unités impliquées.
Des observateurs de la Gendarmerie royale du Canada et du Service de police de la Ville de Montréal étaient d’ailleurs présents lors de la simulation.