Les « gilets jaunes » ne décolèrent pas
Le premier ministre Édouard Philippe refuse de revenir sur la décision de hausser les taxes sur le carburant
PARIS | (AFP) Des « gilets jaunes », bien moins nombreux que la veille, ont à nouveau ralenti hier la circulation automobile sur de nombreux axes routiers en France pour protester contre la hausse des taxes sur le carburant, le gouvernement assurant de son côté vouloir « tenir le cap ».
« Le cap que nous avons fixé, il est bon et nous allons le tenir », a martelé le premier ministre Édouard Philippe en début de soirée sur France 2, après cette mobilisation inédite pendant tout le week-end.
Et ce bien que, a-t-il concédé dans les rassemblements de manifestants, « on a entendu de la colère ». Il a poursuivi : « mais on a aussi entendu de la souffrance, l’absence de perspectives, l’idée que les pouvoirs publics depuis longtemps ne répondaient pas aux inquiétudes et au sentiment de déclassement, d’abandon ressenti par une partie de la population ».
BLOCAGES
Les manifestants se sont mobilisés contre la hausse du prix des carburants avant de se lancer dans une dénonciation plus globale de la politique du gouvernement en matière de taxation et de la baisse du pouvoir d’achat.
Des blocages, mais surtout des barrages filtrants et des opérations escargot ont été à nouveau observés hier par L’AFP dans de nombreuses régions, toujours à l’initiative de membres de la société civile organisés via des réseaux sociaux et en dehors des partis politiques et des syndicats.
Dans plusieurs endroits, les « gilets jaunes » ont affirmé qu’ils poursuivraient le mouvement aujourd’hui, par exemple à Brioude. Dans le Morbihan, « les routiers nous rejoignent demain », a lancé un porte-parole des manifestants. Même son de cloche au Mans.
Sur environ 150 sites, les manifestants, dont le nombre a été évalué à environ 40 000 par des médias, avaient appelé à reconduire le mouvement pour le deuxième jour consécutif. La veille, selon le ministère de l’intérieur, près de 290 000 personnes avaient manifesté sur 2034 sites.
UN MORT
Quant au bilan humain du week-end, il est particulièrement lourd avec un mort, une manifestante de 63 ans percutée par une conductrice, et plus de 400 blessés — dont 14 grièvement y compris parmi les forces de l’ordre —, tandis que les dégradations ont été nombreuses. 282 personnes ont été interpellées.
Un manifestant a ainsi été grièvement blessé hier près de Saint-quentin (nord) lorsqu’un automobiliste a forcé un barrage de « gilets jaunes » sur un rond-point. Mais ses jours ne sont pas en danger, a précisé la gendarmerie, selon laquelle l’automobiliste a pris la fuite.