L’opacité entoure les attaques informatiques
L’époque de l’opacité à la suite d’attaques informatiques doit prendre fin, estiment les spécialistes en sécurité. Ils croient que les ministères et organismes « sont mal à l’aise » d’être des proies aussi faciles pour les hackers.
Au total, huit ministères, organismes et sociétés d’état ont systématiquement refusé de répondre aux demandes d’accès à l’information effectuées par notre Bureau d’enquête, prétextant qu’il s’agit « d’informations hautement sensibles, stratégiques et confidentielles ».
Plusieurs autres ont seulement transmis des données partielles.
Pourtant, les incidents de sécurité sont multiples et mettent à risque les données personnelles et collectives des Québécois.
« En 2018, la sécurité par l’obscurité, c’est terminé », affirme Steve Waterhouse, ancien officier de sécurité informatique à la Défense nationale.
« Les citoyens veulent savoir si le gouvernement est responsable lors de ces situations et ils veulent qu’il diffuse ce qu’il a été capable de faire ou de ne pas faire. »
VASTE DIFFÉRENCE
Par exemple, M. Waterhouse ne comprend pas comment un ministère peut dire qu’il a subi seulement 130 tentatives d’intrusion, alors qu’un autre admet en avoir reçu près d’un milliard.
De plus, la majorité affirme que parmi ces millions d’attaques, jamais les « hackers » n’ont réussi à piéger certains ministères.
« J’ai du mal à le croire. À cette quantité, il va y avoir une fuite ou une brèche quelque part », assure l’expert, soutenant que le gouvernement est mal à l’aise.
« S’ils disent la vérité, ils devraient partager leur succès ! » ironise-t-il.
10 ANS DE RETARD
Selon nos informations, la sécurité informatique gouvernementale n’est pas étanche.
Plusieurs sources ayant travaillé comme consultants à l’intérieur de l’appareil gouvernemental ont affirmé à notre Bureau d’enquête que des ministères et organismes avaient 10 ans de retard en ce qui a trait aux bonnes pratiques de sécurité.
« Je ne contredirai jamais ça. On est loin du compte… Entre le moment où le gouvernement observe une problématique et le moment où elle est corrigée, il peut s’écouler trois ans », note Mme Pineault.