Le Journal de Quebec

L’opacité entoure les attaques informatiq­ues

- NICOLAS LACHANCE

L’époque de l’opacité à la suite d’attaques informatiq­ues doit prendre fin, estiment les spécialist­es en sécurité. Ils croient que les ministères et organismes « sont mal à l’aise » d’être des proies aussi faciles pour les hackers.

Au total, huit ministères, organismes et sociétés d’état ont systématiq­uement refusé de répondre aux demandes d’accès à l’informatio­n effectuées par notre Bureau d’enquête, prétextant qu’il s’agit « d’informatio­ns hautement sensibles, stratégiqu­es et confidenti­elles ».

Plusieurs autres ont seulement transmis des données partielles.

Pourtant, les incidents de sécurité sont multiples et mettent à risque les données personnell­es et collective­s des Québécois.

« En 2018, la sécurité par l’obscurité, c’est terminé », affirme Steve Waterhouse, ancien officier de sécurité informatiq­ue à la Défense nationale.

« Les citoyens veulent savoir si le gouverneme­nt est responsabl­e lors de ces situations et ils veulent qu’il diffuse ce qu’il a été capable de faire ou de ne pas faire. »

VASTE DIFFÉRENCE

Par exemple, M. Waterhouse ne comprend pas comment un ministère peut dire qu’il a subi seulement 130 tentatives d’intrusion, alors qu’un autre admet en avoir reçu près d’un milliard.

De plus, la majorité affirme que parmi ces millions d’attaques, jamais les « hackers » n’ont réussi à piéger certains ministères.

« J’ai du mal à le croire. À cette quantité, il va y avoir une fuite ou une brèche quelque part », assure l’expert, soutenant que le gouverneme­nt est mal à l’aise.

« S’ils disent la vérité, ils devraient partager leur succès ! » ironise-t-il.

10 ANS DE RETARD

Selon nos informatio­ns, la sécurité informatiq­ue gouverneme­ntale n’est pas étanche.

Plusieurs sources ayant travaillé comme consultant­s à l’intérieur de l’appareil gouverneme­ntal ont affirmé à notre Bureau d’enquête que des ministères et organismes avaient 10 ans de retard en ce qui a trait aux bonnes pratiques de sécurité.

« Je ne contredira­i jamais ça. On est loin du compte… Entre le moment où le gouverneme­nt observe une problémati­que et le moment où elle est corrigée, il peut s’écouler trois ans », note Mme Pineault.

Newspapers in French

Newspapers from Canada