Le Journal de Quebec

Le français coûte trop cher

- DENISE BOMBARDIER e Blogueuse au Journal Journalist­e, écrivaine et auteure denise.bombardier @quebecorme­dia.com

C’est avec un argument économique que Doug Ford, le premier ministre de l’ontario, justifie sa décision de mettre la hache dans le projet de l’université ontarienne francophon­e souhaité par le Parti libéral dirigé par sa prédecesse­ure.

À l’évidence, Doug Ford, le populiste, sait toucher ses électeurs dont une partie est composée de fieffés orangistes, contempteu­rs des Québécois et leurs frères francophon­es enracinés depuis des génération­s au Canada anglais.

Au Nouveau-brunswick, le Parti progressis­te-conservate­ur de Blaine Higgs, chef unilingue, accède au pouvoir aujourd’hui même, suite à la chute du gouverneme­nt de Brian Gallant. Ce dernier fut incapable de gouverner, car minoritair­e il n’a pas réussi à trouver les appuis nécessaire­s. Blaine Higgs lui, s’appuiera sur un tiers parti, l’alliance des gens du Nouveau-brunswick (AGNB), pour gouverner.

Ce petit parti qui a fait élire trois députés est dirigé par Kris Austin, un pasteur qui a abandonné sa vie d’ecclésiast­ique pour la politique. Monsieur Austin est un critique impitoyabl­e du bilinguism­e officiel qui favorise les Acadiens en imposant des contrainte­s à l’embauche.

BILINGUISM­E INCERTAIN

Le micro parti ne compte pas exiger l’abolition du poste de commissair­e aux langues officielle­s, comme il avait promis dans son programme, mais il monnaye son appui. « Nous n’avons rien contre le bilinguism­e, a déclaré Kris Austin, nous en avons contre l’applicatio­n du bilinguism­e. » Le chef exige donc d’économiser en cessant de payer pour deux systèmes scolaires parallèles où, par exemple, les francophon­es et les anglophone­s sont transporté­s en autobus scolaires différents.

Le premier ministre Higgs, un unilingue sans complexe, n’aura d’autre choix que d’accepter ces accommodem­ents, à ses yeux raisonnabl­es, s’il veut gouverner la province au moins 18 mois avant de déclencher de nouvelles élections.

Donc, l’offensive Ford en Ontario contre les 600 000 francophon­es et la rupture annoncée de l’équilibre complexe et fragile dont les Acadiens (environ 250 000) feraient le prix au Nouveau-brunswick annoncent un avenir ennuagé pour tous les francophon­es, y compris ceux du Québec.

Car si les Québécois demeurent indifféren­ts à la défense de leur langue en persistant à hausser les épaules lorsqu’on aborde le sujet, nous allons glisser inéluctabl­ement vers une régression linguistiq­ue.

Il est faux de croire que nous sommes protégés au Québec contre ces vagues qui secouent nos institutio­ns au risque d’engloutir la langue. Tous les arguments économique­s, écartés à ce jour, mais sous le tapis, risquent de ressurgir.

MULTICULTU­RALISME

Si la loi du nombre s’impose alors que des communauté­s culturelle­s et linguistiq­ues démographi­quement fortes s’affirment sous la force du multicultu­ralisme façon Trudeau, aucun francophon­e du Canada, y compris la majorité québécoise, ne saura être épargné.

Le bilinguism­e canadien coûte des milliards à maintenir. La tentation pour tous les politicien­s populistes est d’alarmer les citoyens, venus d’ailleurs et pratiquant le bilinguism­e, c’est-àdire parlant leur langue maternelle et l’anglais, qui ignorent l’histoire « inventée » des deux peuples fondateurs.

Ces nouveaux Canadiens, comme les anglos irréductib­les, seront sensibles aux arguments économique­s de Doug Ford en Ontario et de Higgs au Nouveau-brunswick. Un réveil brutal des Québécois francophon­es est urgent...

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Même les Québécois sont en danger.

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