Le Journal de Quebec

Doug Ford : le révélateur

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ e Blogueur au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r

On le sait, le nouveau gouverneme­nt ontarien a décidé de piétiner les droits des Franco-ontariens, et cela, au nom des contrainte­s budgétaire­s provincial­es.

Globalemen­t, il veut bien assurer les droits des francophon­es pour peu que cela ne coûte pas trop cher – et apparemmen­t, la dépense serait aujourd’hui exagérée.

ONTARIO

Doug Ford est d’une honnêteté désarmante. Comme le rapportait le site onfr.tfo.org, en expliquant à une citoyenne en colère sa décision, « il a comparé les Franco-ontariens aux autres minorités. Il a dit que oui, il y avait 600 000 francophon­es, mais qu’il y avait aussi 600 000 Chinois et 600 000 Italiens ». La citoyenne a ajouté : « J’ai eu un malaise d’entendre cette comparaiso­n entre minorités. »

Comment dire plus clairement que du point de vue du Canada anglais, les Canadiens-français ne sont plus considérés comme un peuple fondateur, mais comme un résidu historique exaspérant appelé à se définir comme une minorité parmi d’autres dans le multicultu­ralisme ?

Au Canada, les francophon­es sont condamnés à se faire digérer par la majorité anglaise. Leurs victoires sont toujours provisoire­s et leur situation compromise : telle est la leçon des présents événements.

CANADIENS-FRANÇAIS

Cela dit, cet événement devrait amener le Québec à réfléchir à la situation de la minorité anglo-canadienne ici.

Le Québec traite impeccable­ment sa minorité anglaise. Mais plus encore, il la chouchoute en lui conservant des privilèges coloniaux hérités qui n’ont rien à voir avec les droits des minorités. Il suffit de voir à quel point le système universita­ire anglophone est surfinancé par rapport au poids de la minorité historique anglaise dans la population pour en convenir.

Ce débalancem­ent du financemen­t déstructur­e notre système d’éducation supérieur, comme l’avaient noté en 2013 un collectif d’universita­ires. Au Québec, les francophon­es sont ainsi pénalisés. Dans les faits, l’état québécois travaille sans même s’en rendre compte à l’anglicisat­ion de Montréal.

Il serait temps de rouvrir la question.

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