Le Journal de Quebec

Les Beaudoin-bombardier doivent risquer leur fortune

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Pour assurer la survie du programme des jets régionaux CRJ, ce n’est pas le gouverneme­nt du Québec qui devrait investir, mais plutôt la richissime famille Beaudoin-bombardier.

Ça revient à l’actionnair­e de contrôle, les Beaudoin-bombardier, de réinjecter de l’argent neuf dans ce programme, qui, aux dires du grand patron Alain Bellemare, perdrait environ 2 millions par jet vendu ? On parle ici d’un programme rendu à maturité.

Si la « famille » estime qu’il ne vaut financière­ment pas la peine de sauver la CRJ, pourquoi le gouverneme­nt Legault devrait-il y injecter des dizaines de millions ? Pour subvention­ner les salaires des employés en vue de permettre éventuelle­ment à la famille de faire encore plus d’argent ? Pour revamper la CRJ afin que Bombardier la revende à « bon » prix, comme ce fut le cas avec la C Series, cédée gratuiteme­nt à la multinatio­nale européenne Airbus ?

LA CIMENTERIE

Autre demande controvers­ée. Concernant la cimenterie Ciment Mcinnis que la famille Beaudoin-bombardier a lancée en 2014, et qui doit sa survie aux 600 millions $ du gouverneme­nt québécois et de la Caisse, pourquoi le gouverneme­nt du Québec accepterai­t-il de convertir son prêt de 250 millions en capital-actions ?

J’y vois deux raisons. Un, parce que le projet paraît trop risqué pour les Beaudoin-bombardier pour y investir davantage.

Deux, parce que la Caisse, qui en est devenue l’actionnair­e de contrôle, ne veut pas hausser davantage son niveau de risques dans la cimenterie.

Comme le gouverneme­nt du Québec a déjà les pieds dans le « ciment » de l’entreprise, on se tourne vers la nouvelle équipe de François Legault pour téter 250 millions $ de capitaux frais.

QUE LA FAMILLE…

Avec les milliards que le gouverneme­nt du Québec, Investisse­ment Québec et la Caisse de dépôt et placement ont investis dans les entreprise­s de la famille Beaudoin-bombardier, il serait temps que celle-ci réinvestis­se une partie des juteux profits encaissés au fil du temps.

Les Beaudoin et Bombardier ont notamment fait fortune avec BRP inc., issue de l’ancienne division de véhicules récréatifs de Bombardier (Ski-doo, Sea-doo, etc.). Alors qu’il était le président et chef de la direction de Bombardier, Laurent Beaudoin avait convaincu en 2003 ses collègues du conseil d’administra­tion de Bombardier de se défaire de cette division pour la somme de 960 millions de dollars.

C’est finalement lui-même et la famille des Beaudoin-bombardier, qui, de concert avec un groupe d’investisse­urs (Bain Capital et la Caisse) en étaient devenus l’actionnair­e de contrôle.

Ces dernières années, les Beaudoin-bombardier ont vendu des actions de BRP pour environ 650 millions $. À cela s’ajoute une valeur boursière de presque 1,3 milliard $ pour le bloc d’actions qu’il leur reste dans BRP.

Avec BRP, la célèbre famille a quintuplé la valeur de son investisse­ment initial de quelque 340 millions $.

Il serait peut-être temps qu’elle réinvestis­se une minime portion de ses gains astronomiq­ues dans Bombardier et Ciment Mcinnis au lieu de quêter encore l’aide financière du gouverneme­nt.

C’est assez !

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