Le Journal de Quebec

10 COMBATS POUR LE TITRE MONDIAL !

Quand j’ai retrouvé Jean Pascal dans les catacombes du centre Claude-robillard, il était déjà à l’entraîneme­nt. Une heure, deux heures, un entraîneme­nt intense pour un boxeur qui, dans huit jours, disputera un 10e combat de championna­t mondial en 10 ans.

- RÉJEAN TREMBLAY rejean.tremblay@ quebecorme­dia.com

« Un dixième combat pour le titre, c’est déjà impression­nant. Mais faut aussi regarder la qualité des adversaire­s… », de lancer Pascal tout en continuant à courir sur son tapis roulant.

Dix adversaire­s. Ça inclut Carl Froch, Chad Dawson, Adrian Diaconu, Bernard Hopkins, Sergey Kovalev. Toutes d’énormes pointures. Et maintenant, celui qu’on considère comme le meilleur chez les 175 livres, le jeune Dmitry Bivol.

Allo Adonis ! C’est justement pour lui que Jean Pascal précise qu’il faut également regarder la qualité, pas juste la quantité.

DES SOUVENIRS DE DIX ANS DE GUERRE

Quand Jean Pascal prendra sa retraite et qu’on écrira sa biographie, ses grands combats vont également raconter l’histoire de 10 années épiques tant chez les super-moyens que chez les mi-lourds. C’est simple, tous les grands, à l’exception d’adonis Stevenson, Jean Pascal les a affrontés. Ça inclut Lucian Bute et Eleider Alvarez. Et toutes ses défaites ont été subies contre des boxeurs qui furent ou qui devinrent champions du monde. Carl Froch, Bernard Hopkins, Sergey Kovalez et Eleider Alvarez l’ont battu. Personne d’autre.

Jean Pascal a 36 ans. La carrosseri­e est impeccable. Une musculatio­n taillée au scalpel et, si je peux en juger par son entraîneme­nt de vendredi dernier, le moteur et la transmissi­on semblent A1 également. – Te rappelles-tu Carl Froch ? « Certain et à cause du décalage horaire, je me battais à Nottingham avant le premier combat entre Oscar De La Hoya et Manny Pacquiao, présenté plus tard aux États-unis. C’est par sa victoire contre De La Hoya que Pacquiao est devenu un très gros nom dans la boxe. Moi, j’ai livré une vraie guerre à Froch. Il a gagné par décision, mais la WBC a voté ce combat comme le combat de l’année.

« C’est la seule fois dans ma carrière que j’ai eu mal à la tête après une bataille et que j’ai eu comme des flashes. Tellement que les médecins ont craint que je n’aie subi une commotion cérébrale. D’ailleurs, Froch avait tellement de respect pour moi que nous sommes restés en contact pendant des années. »

Propos que Froch a corroborés quelques années plus tard quand il a affronté Lucian Bute.

LES ÉPAULES LUXÉES CONTRE DIACONU

Puis, la carrière de Pascal a continué sur son envolée quand il a vaincu Adrian Diaconu pour s’emparer de la ceinture WBC. On se rappelle que le nouveau champion allait montrer sa ceinture aux gens sur le boulevard Saint-laurent au lendemain de sa victoire tellement il était fier et heureux.

« Quand on dit que je ne l’ai pas eu facile, la WBC m’a forcé à défendre mon titre contre l’aspirant obligatoir­e pas une, mais deux fois. C’était au Centre Bell et j’ai liquidé Silvio Branco au neuvième round », raconte Pascal.

Si vous avez oublié ce combat, vous n’avez pas oublié les franges dorées que portait Branco par-dessus son maillot de boxeur. Un homme a ses délicatess­es.

Puis, on a eu droit à l’inoubliabl­e défense contre Adrian Diaconu.

« J’ai été obligé de boxer avec une main à partir du quatrième round. Je me suis séparé l’épaule droite à la fin du troisième round. Russ Anber m’a remboîté le bras dans l’épaule entre les deux rounds. Puis, au dixième, l’épaule s’est encore disloquée. Là, je me disais que jamais je n’abandonner­ais ma ceinture assis sur le banc. Je mourrais avant », raconte-t-il aujourd’hui.

Tous les amateurs présents au Centre Bell ont encore frais en mémoire les efforts de Russ Anber pour faire entrer l’os dans la capsule de l’épaule. Et les traits tirés de Pascal qui endurait la douleur. Une semaine plus tard, il passait sous le bistouri à l’hôpital.

« Les fans venaient me voir dans ma chambre pour me dire à quel point ils m’avaient trouvé courageux », dit-il en se perdant dans ses pensées.

DES AÏEUX GÉNÉREUX DANS L’ARMÉE

C’est peut-être ces actes courageux qui font dévier ses propos. Il se met à parler de la mort de son père survenue il y a un mois.

« Ça m’a fait du bien d’aller en Haïti. Je connais mieux celui qui fut mon père. Surtout, je sais que je suis un fils de guerriers. Mon arrière-grandpère et mon grand-père étaient des généraux dans l’armée haïtienne. Et mon père, même s’il faisait partie de la noblesse politique de Duvalier, était un homme brave et honnête. D’ailleurs, les maisons des autres ministres de Duvalier ont toutes été brûlées dans les années 1960. Sauf celle de mon père parce que les émeutiers ont dit que c’était la maison d’un homme généreux et honnête », de dire Pascal.

Il continue : « Ce n’est pas pour rien que je suis un guerrier, un warrior. C’est dans mon sang, c’est dans mes gènes. On pourra dire ce qu’on voudra de moi, mais on ne dira jamais que j’étais un peureux. Je viens d’une lignée de guerriers. »

Il a raison sur ce point. Il n’y a pas un seul amateur de boxe qui va dire que Jean Pascal est un peureux dans un ring.

DAWSON, HOPKINS, KOVALEV

Après son opération, Pascal s’est payé les plus grands noms sur la planète. Il a gagné contre Chad Dawson, alors considéré comme le meilleur boxeur de la planète toutes catégories. Victoire par arrêt du coin. Puis, une défense fructueuse au Colisée de Québec dans une bagarre furieuse contre Bernard Hopkins. Une nulle, mais Pascal avait envoyé le légendaire Hopkins au plancher trois fois.

« À la revanche, Hopkins m’a joué dans la tête. J’ai perdu avant même le début. C’est le seul qui a réussi à le faire », m’a-t-il déjà raconté.

Et contre Kovalev, c’est encore plus complexe.

« J’avais pourtant la certitude que j’étais prêt pour la revanche. Je trouvais que j’avais bien travaillé avec Freddy Roach. Mais je n’étais pas à point. On n’avait pas installé la magie. Mais je n’en étais pas conscient. Quand Freddy a arrêté le combat, moi, je voulais y aller encore. Mais sans doute qu’il a bien fait. Il a pensé à ma santé », de dire Pascal.

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 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Jean Pascal / Adrian Diaconu, 19 juin 2009.
PHOTO D’ARCHIVES Jean Pascal / Adrian Diaconu, 19 juin 2009.
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PHOTO D’ARCHIVES Jean Pascal / Carl Froch, 6 décembre 2008.
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PHOTO D’ARCHIVES, MARTIN CHEVALIER Jean Pascal / Sergey Kovalev, 30 janvier 2016.

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