Le Journal de Quebec

Rire avec Lise Dion ou Virginie Fortin

- GUY FOURNIER guy.fournier @quebecorme­dia.com

L’une a 63 ans, l’autre en a 32, mais il n’y a pas que l’âge qui les différenci­e. L’une a le rire gras, facile et un tantinet vulgaire ; l’autre rit avec parcimonie et son sourire prend parfois l’allure d’un rictus.

Mademoisel­le Fortin est devenue la coqueluche des jeunes Montréalai­s branchés. Elle s’est fait connaître comme la bipolaire Anaïs de la série Trop à Radio-canada, puis comme humoriste durant la brève carrière de la série SNL à Télé-québec. Le 7 novembre, au théâtre Outremont, elle a lancé son spectacle solo Du bruit dans le cosmos.

À l’exception de quelques gags assez drôles pour se taper sur les cuisses, rares furent ceux qui ont déclenché des fous rires en ce soir de première. Mais les sourires, les rires jaunes et les rictus n’ont pas manqué. Sur la scène et dans la salle. C’est que Virginie Fortin ne fait pas dans le pipi caca, mais dans une observatio­n caustique et pointue de la société comme la voient les gens de son âge.

PASSER À UN AUTRE NIVEAU

Je n’ai pas assisté, je le confesse, à Chu rendue là, le dernier spectacle de Lise Dion. Les extraits que j’ai entendus et les propos des amis qui ont vu le spectacle ne m’invitent pas à le voir. Saturés de grosses blagues de taverne, de sacres, d’âneries et d’histoires salaces depuis des décennies de galas Juste pour rire, les Québécois doivent être à la veille de passer à un autre niveau. C’est à cet autre niveau que nous convie Virginie Fortin.

C’est à cet autre niveau aussi que doit se situer L’heure est grave à Télé-québec, les lundis et mardis soir, une curieuse, mais intéressan­te série de variétés qu’animent Mademoisel­le Fortin et Guillaume Girard. Virginie, qui rappelle parfois Véronique Cloutier (ce qui est loin d’être un défaut), n’a pas toujours un partenaire à la hauteur.

Le pauvre Girard s’enfarge souvent dans sa barbe lorsqu’il parle. Son français de ruelle n’a pas beaucoup sa place à un réseau de télé qui se veut éducatif. Dans une récente entrevue avec Yann Perreau, par exemple, Girard, en quelques phrases, a trouvé le moyen de faire plusieurs mauvaises liaisons et une faute de genre. À ses côtés, Virginie a vraiment l’air de la diplômée en littératur­e qu’elle est.

UNE SÉRIE INÉGALE

En dépit de son indéniable originalit­é et des efforts méritoires qu’on y fait, L’heure est grave est une série inégale. Certaines émissions sont réussies malgré la pauvreté visible des moyens. D’autres sont médiocres et certaines, comme celles sur la sexualité, sont d’une vulgarité à faire dresser les cheveux sur la tête.

Le « projet bocal » de la 1re partie de la série sur la sexualité est ce que j’ai vu de plus trash et de plus grossier à la télévision depuis longtemps. Qu’un sketch pareil soit diffusé sur les ondes de Télé-québec, même à une heure tardive, dépasse toute convenance.

Les auditoires de Télé-québec, comme ceux qui aiment l’humour absurde et rafraîchis­sant de Virginie Fortin, méritent mieux. Que ceux qui se complaisen­t dans les sketches de « plotte » et de pipi caca aillent voir Lise Dion en salle. Là où ce genre d’humour a le mérite de rester entre quatre murs.

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