Une institution part en fumée
Le Sagamité, restaurant phare de la gastronomie autochtone, a été lourdement endommagé par le feu
La communauté huronne-wendate était sous le choc, hier, après que le restaurant Sagamité qui fait sa fierté depuis bientôt 20 ans eut été la proie d’un grave incendie en fin de nuit.
Le brasier a infligé d’importants dommages à ce véritable fleuron de la fine cuisine autochtone situé à Wendake. Une « boule de feu » était visible au niveau de la toiture, ont rapporté les premiers pompiers arrivés sur les lieux, qui ont rapidement demandé une quatrième alarme.
L’arrière du restaurant est en ruines : une partie du toit s’est effondrée et un trou béant est maintenant apparent dans cette section construite il y a quelques années lors d’un agrandissement. La fumée et l’eau ont causé des dégâts sévères au reste de l’édifice.
« Au niveau de la structure, c’est une perte totale, s’est désolé le propriétaire et fondateur, Steeve Gros-louis. [...] Avec l’épaisseur de l’eau qui a coulé dans les murs, ça va être difficile vu que c’est une vieille structure », a-t-il exposé. Une démolition pour mieux rebâtir n’est donc pas exclue.
« ON VA SE RELEVER »
L’homme, peinant à contenir ses larmes, s’est présenté entouré de sa famille sur les lieux du sinistre. À trois semaines de Noël, alors que le carnet de réservations était plein, le coup était visiblement dur à encaisser.
« [C’est arrivé] au pire moment de l’année », a fait remarquer le Grand Chef Konrad Sioui, qui a donné son « appui inconditionnel » à M. Gros-louis et sa famille. L’homme d’affaires s’est dit déterminé à poursuivre la mission du restaurant.
« La nation est en deuil, mais on va se relever. On est forts et on est capables. On a toujours rebâti nos infrastructures et on va le faire encore », a lancé le leader de la nation huronne-wendate en parlant du Sagamité comme étant un « pôle économique et touristique incontournable de la capitale nationale ».
« Ça fait [près de] 20 ans qu’on accueille les gens ici et qu’on est fiers de démontrer à travers notre gastronomie toute notre histoire. [...] C’est pour ça qu’on aime à penser qu’on est une institution, sans prétention, parce qu’on a défriché beaucoup la cuisine des Premières Nations », a ajouté M. Gros-louis.
ARTÉFACTS SAUVÉS
L’entrepreneur s’est dit rassuré de savoir qu’il n’y a eu aucun blessé puisqu’aucun employé n’était sur les lieux lorsque le feu a débuté. Il a toutefois craint le pire pour les nombreux objets de collection et oeuvres, souvent d’artistes décédés, se trouvant à l’intérieur. « On les a sauvés pour la plupart », a finalement annoncé M. Gros-louis.
Les flammes à peine éteintes, il était déjà question de relocaliser le restaurant, peut-être même avant la fin de l’année. Quant au bâtiment du boulevard Bastien, sa reconstruction prendra plusieurs mois. « Le 7 juillet 2019, ça fera 20 ans qu’on est ouverts. J’ai bon espoir qu’on sera capables de faire une grande ouverture si on se met rapidement au travail », a dit M. Gros-louis.
Chose certaine, il pourra compter sur ses alliés de toujours, ses enfants et sa conjointe, pour y arriver. « Depuis le temps qu’on met le feu à la table, ce n’est pas lui qui va nous détruire. On a peut-être perdu un bâtiment, mais on n’a pas perdu la Sagamité », a conclu sa fille.