Le Journal de Quebec

La météo sans pitié

Les Îles-de-la-madeleine s’effritent rapidement

- STÉPHANIE GENDRON

La perte de terrain sur les Îles-de-laMadelein­e s’accélère et une tempête catastroph­ique comme celle de la semaine dernière vient encore plus bousculer les prévisions.

« Quand une dune disparaît en l’espace de 15 heures, il n’y a plus de prévision ou de statistiqu­e qui tienne », constate Serge Bourgeois, directeur de l’aménagemen­t du territoire et de l’urbanisme aux Îles.

Il cite en exemple une maison construite au bord de la mer qui se trouvait à l’extérieur d’une zone où il y aurait un possible danger d’ici 60 ans. Maintenant, cette résidence pourrait se retrouver à l’eau d’ici cinq ans.

La tempête des 28 et 29 novembre a fait progresser l’érosion des berges. Si bien que les scientifiq­ues y retournero­nt dans les prochaines semaines pour ajuster leurs calculs.

Plusieurs tempêtes cet automne ont fragilisé les berges. La série noire s’est conclue avec la tempête dévastatri­ce de la semaine dernière qui a fait disparaîtr­e des dunes de sable et fait reculer des terrains de 10 mètres à certains endroits.

« Souvent on voyait un peu de territoire qui se grugeait à chaque tempête, chaque hiver, mais là, ç’a été vraiment des reculs assez importants. Les impacts visuels que ça a eu préoccupen­t les gens », dit MarieÈve Giroux de l’organisme Attention Fragîles.

SACRIFIER DES SECTEURS

Les changement­s climatique­s font augmenter le niveau de la mer et réduisent le couvert de glace qui protège habituelle­ment les rives. Les tempêtes frappent plus fort et causent plus de dégâts.

Ces dernières années, une vingtaine de résidents ont dû déplacer leurs maisons. Des portions de route sont souvent à risque d’être brisées ou inondées.

Des décisions doivent être prises pour l’avenir des 13 000 insulaires.

« Il y a des choses à faire. Dans 50 ans, les Îles vont être encore là, mais elles vont être modifiées. C’est une question d’adaptation, de gagner du temps et de faire de bonnes interventi­ons », croit M. Bourgeois.

La spécialist­e Ursule Boyer-villemaire croit cependant qu’on ne pourra pas protéger l’ensemble des Îles. Il faudra sacrifier certains secteurs des Îles et mettre plus d’énergie sur d’autres.

PAS QUESTION DE DISPARAÎTR­E

« Il faut essayer d’accepter qu’il y a des secteurs qu’il faut laisser à la mer pour mieux protéger d’autres secteurs où on met plus de monde au pied carré », estime Mme Boyer-villemaire, professeur­e associée en géographie à L’UQAM et du Consortium Égide Résilience, risques et catastroph­es.

Actuelleme­nt, ce que les insulaires voient sur leurs terrains correspond à des reculs plus importants que les scientifiq­ues avaient prévus. Les Îles ne sont toutefois pas menacées de disparitio­n. Une augmentati­on des taux d’érosion est ainsi prévue d’ici 2060 par rapport aux données historique­s mesurées (1963-2008).

« Il y a des noyaux rocheux de plusieurs kilomètres, où vivent la plupart des Madelinots hors de portées des vagues. Le mot disparitio­n, il faut enlever ça du vocabulair­e. Modifiées oui, mais pas de disparitio­n », a dit Christian Fraser, agent de recherche au Laboratoir­e de dynamique et de gestion intégrée des zones côtières de l’université du Québec à Rimouski.

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 ??  ?? Une passerelle, quiétait derrière une dune ayant aété emportée par la mer, à l’anse-aux-baleiniers, dans le secteurdef­atima. La dernière tempête a causé beaucoup de dommages. Des débris provenant de la halte routière se mêlent aux bois de la mer dans le secteur de Pointe-aux-loups. Avant,ladune se rendait jusqu’à la mer près de cette résidence de Havre-aux-maisons. On peut voir la démarcatio­n surlepotea­u àl’avantplan. La partie noire était auparavant dans le sable. PHOTOS ATTENTION FRAGÎLES ET ISAAC LEBLANC
Une passerelle, quiétait derrière une dune ayant aété emportée par la mer, à l’anse-aux-baleiniers, dans le secteurdef­atima. La dernière tempête a causé beaucoup de dommages. Des débris provenant de la halte routière se mêlent aux bois de la mer dans le secteur de Pointe-aux-loups. Avant,ladune se rendait jusqu’à la mer près de cette résidence de Havre-aux-maisons. On peut voir la démarcatio­n surlepotea­u àl’avantplan. La partie noire était auparavant dans le sable. PHOTOS ATTENTION FRAGÎLES ET ISAAC LEBLANC

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