Des adolescentes anxieuses et en détresse
Les problèmes de santé mentale sont en hausse chez les jeunes, surtout chez les filles
Les adolescents québécois sont deux fois plus anxieux qu’il y a six ans, un problème criant qui touche près d’une fille sur quatre.
L’institut de la statistique du Québec (ISQ) a dévoilé hier les données tirées de l’enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire, une vaste étude réalisée en 2016-2017 auprès de 62 000 jeunes dans 465 écoles secondaires publiques et privées.
On y apprend que les problèmes de santé mentale sont en hausse depuis 2010-2011 : la proportion d’élèves qui ont un diagnostic de trouble anxieux est passée de 9 % à 17 %, une problématique qui est deux fois plus présente chez les filles (23 %) que chez les garçons (12 %).
« C’est très élevé, affirme Diane Marcotte, professeure au département de psychologie de L’UQAM. Ces chiffres cor- respondent habituellement aux jeunes qui présentent des symptômes de troubles anxieux, sans nécessairement avoir fait l’objet d’un diagnostic », souligne-t-elle.
Les filles sont généralement plus touchées par les problèmes d’anxiété et de dépression parce qu’elles ont tendance à baser leur estime de soi davantage sur leur image corporelle et sur leurs relations interpersonnelles, explique Mme Marcotte.
ANXIÉTÉ DE PERFORMANCE
Dans « plusieurs cas », les jeunes souffrent d’anxiété de performance, ajoute cette experte.
« On vit dans une société basée sur l’excellence, la performance et la compétition. Les jeunes ont beaucoup plus de choix qu’avant, et il y a une pression pour tout réussir, tout de suite », affirme Mme Marcotte.
L’apparition des réseaux sociaux n’a rien fait pour améliorer la situation, au contraire, ajoute-t-elle.
Certains parents peuvent aussi avoir tendance à surprotéger leurs enfants, ce qui pourrait faire augmenter leur niveau d’anxiété, ajoute la professeure de L’UQAM.
Or, l’évitement n’est pas la solution. Il faut par exemple que les élèves qui sont angoissés à l’idée de s’exprimer devant la classe continuent de faire des exposés oraux, afin qu’ils apprennent à surmonter leur anxiété, indique Mme Marcotte.
DÉTRESSE PSYCHOLOGIQUE EN HAUSSE
De manière générale, 40 % des filles présentent par ailleurs un « niveau élevé » de détresse psychologique, comparativement à 19 % chez les garçons. Cette proportion est aussi en hausse depuis cinq ans, selon L’ISQ, étant passée de 21 % à 29 %.
Le Québec est toutefois loin de faire bande à part à ce chapitre, puisque les problèmes de dépression et d’anxiété sont en hausse dans plusieurs pays occidentaux, quelle que soit la tranche d’âge, souligne Diane Marcotte.