Le maire doit s’ouvrir les yeux
Il fut un temps où les citoyens de Québec pardonnaient tout à Régis Labeaume : son tempérament impulsif et ses déclarations intempestives ne l’empêchaient pas d’avoir le vent dans les voiles et d’être connecté à son monde. Ce temps est révolu.
C’est du moins ce que tend à démontrer le résultat de l’élection partielle dans Neufchâtel-lebourgneuf, qui permet à l’opposition de remporter un nouveau siège. Le district était détenu, depuis 2013, par Jonatan Julien, qui était le bras droit du maire.
La suite a beaucoup fait la manchette au printemps : le maire a déclaré que « Jonatan l’avait échappé » dans le dossier de la centrale de police, ce que le principal concerné n’a pas digéré. Blessé, M. Julien a claqué la porte pour siéger comme indépendant et a ensuite été recruté in extremis par la CAQ. Il a été élu et fait ministre.
DOMMAGES COLLATÉRAUX
Les résultats de cette élection démontrent bien les dommages collatéraux qu’a lui-même provoqués le maire. Sa sortie a non seulement déstabilisé ses troupes, à l’interne, et nui à sa crédibilité, mais on voit aussi que les citoyens lui en ont tenu rigueur.
Le vainqueur, Patrick Paquet, n’a pourtant jamais fait sa marque comme conseiller municipal. Après le RMQ, il s’est joint au parti Équipe Labeaume, qu’il a déserté sans avoir occupé de poste significatif. Avec Démocratie Québec, il avait été très visible aux côtés du chef, mais n’avait pu faire mieux que de récolter 27 % des voix, contre Jonatan Julien, qui en avait eu 72 %.
M. Julien était pourtant un nouveau venu sur la scène politique municipale. Son élection démontre donc que les gens du district accordaient massivement leur confiance à M. Labeaume. Bien que le résultat soit serré, la donne a beaucoup changé.
MAIRE EN FRANCE
L’idée de quitter Québec pour une mission en France, en pleine campagne pour les élections partielles, n’était pas non plus très judicieuse de la part du maire et de son équipe. Le résultat, c’est qu’on n’a pas beaucoup vu M. Labeaume, qui tenait peut-être la victoire pour acquise devant la faiblesse de l’adversaire par rapport à sa candidate.
Maintenant, Régis Labeaume doit prendre note que son attitude bougonne et revancharde ne passe plus. Il doit faire à nouveau la démonstration qu’il aime son travail et qu’il est fier d’être maire de Québec. Parce que depuis des mois, c’est loin d’être clair. S’il en doutait, il n’a plus d’autre choix que de s’ouvrir les yeux.