Le Journal de Quebec

Maires sur la sellette

- KARINE GAGNON Chroniqueu­se politique karine.gagnon@quebecorme­dia.com

Les plaintes pour harcèlemen­t psychologi­que déposées cette année contre les maires de Lévis et de L’ancienne-lorette suscitent de nombreuses interrogat­ions quant au fonctionne­ment des municipali­tés.

Comment expliquer qu’un maire visé par des plaintes de harcèlemen­t psychologi­que puisse continuer à exercer ses fonctions comme si de rien n’était?

C’est pourtant le cas à Lévis. En l’absence d’une opposition, tous les conseiller­s font partie de l’équipe du maire et ont décidé de prendre son parti avant même que les causes ne soient traitées par la CNESST.

Comment justifier que ce soient les contribuab­les qui doivent payer pour la défense de Gilles Lehouillie­r, et ce, même si le Tribunal administra­tif donnait raison aux plaignante­s au bout du processus ? Dans le cas de L’ancienne-lorette, est-il acceptable que ce soient les contribuab­les de la municipali­té qui doivent assumer les 230 000 $ incluant les frais juridiques pour la défense du maire Émile Loranger et un arrangemen­t à l’amiable ?

Dans un jugement de la Cour d’appel rendu en 2013, une ex-mairesse de Boisbriand s’est vu refuser le remboursem­ent par la municipali­té des frais juridiques relatifs à une accusation pour fraude.

On y énumère des exceptions à l’obligation de remboursem­ent, lorsque les procédures judiciaire­s découlent manifestem­ent d’un acte qui n’a rien à voir avec la qualité d’élu.

Ainsi, l’acte posé pour des motifs strictemen­t personnels à l’élu, et n’ayant aucun lien de pertinence avec les affaires municipale­s, sera le plus souvent posé hors de l’exercice des fonctions. L’examen consiste à vérifier l’existence d’un lien logique entre l’acte posé et l’intérêt ou le bénéfice retiré par la municipali­té.

Les contribuab­les auraient par conséquent raison de soulever des questions dans les cas de Lévis et de L’ancienne-lorette.

GRAND MALAISE

Il est par ailleurs rassurant de voir que la Commission municipale du Québec enquêtera sur le comporteme­nt d’émile Loranger, dont le vote au conseil municipal de mardi a eu pour effet de bloquer une demande d’enquête le concernant.

Être maire d’une municipali­té s’accompagne d’une forme de prestige. Il s’agit d’un privilège accordé par la population, dont la majorité a manifesté sa confiance envers la personne qui occupe ces fonctions. Ça ne devrait pas donner le droit d’agir n’importe comment, bien au contraire.

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