Le patron intérimaire de L’UPAC désavoue son prédécesseur
Frédérick Gaudreau rompt avec les pratiques de Robert Lafrenière
Le commissaire intérimaire de L’UPAC, Frédérick Gaudreau, a désavoué hier les pratiques de son prédécesseur Robert Lafrenière.
M. Lafrenière a quitté ses fonctions au début du mois de novembre.
En décembre 2017, il avait commenté dans une entrevue à notre Bureau d’enquête l’avancement de Mâchurer, une enquête qui cible notamment l’ex-premier ministre Jean Charest et le collecteur de fonds Marc Bibeau.
Contrairement à son prédécesseur, M. Gaudreau a refusé de répondre aux questions sur ce sujet, lors d’une conférence de presse où il a présenté le bilan annuel de l’unité permanente anticorruption.
« Il est préférable de rester très prudent et de ne pas répondre à ce type de questions », a-t-il dit.
L’an dernier, M. Lafrenière avait révélé que 300 personnes avaient été rencontrées dans le dossier Mâchurer. Il avait également bon espoir que des accusations seraient déposées.
Tout en reconnaissant que « M. Lafrenière, effectivement, avait tenu certains propos », M. Gaudreau s’est abstenu de faire la même chose.
« Dire qu’on a rencontré 100, 200, 300 témoins, ça peut malheureusement avoir des effets négatifs et néfastes sur la poursuite de l’enquête. [...] C’est important de recadrer les réponses qu’on peut offrir. »
FUITES
Le travail de L’UPAC a été marqué ces derniers mois par des fuites de renseignements de son enquête Mâchurer.
M. Lafrenière avait confié en 2017 à ses policiers la tâche d’enquêter sur leurs collègues à L’UPAC afin de découvrir la source de ces informations qui ont été publiées par notre Bureau d’enquête.
Le ministère de la Sécurité publique a finalement mandaté cet automne le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) afin qu’il se charge de ce dossier.
M. Gaudreau a affirmé qu’il agirait différemment de son prédécesseur si de nouvelles fuites nécessitaient une enquête.
« La réponse est non. On n’enquêtera pas sur nos propres policiers. On va aller s’informer auprès de partenaires et auprès du ministère pour confier l’enquête à une autre entité. »
Selon M. Gaudreau, agir de la sorte est « une question de transparence, une question d’indépendance, une question de crédibilité ».
OUELLETTE
Le BEI a été mandaté quelques jours après l’annonce du départ de M. Lafrenière, en octobre.
M. Gaudreau n’a pas commenté le dossier. Il s’est limité à répéter que L’UPAC offrira toute sa collaboration.
Soupçonné par L’UPAC d’avoir été associé aux fuites dans les médias, le député Guy Ouellette a déposé une poursuite de 550 000 $ contre le gouvernement du Québec.
M. Ouellette soutient que les policiers ont commis des erreurs en ignorant notamment ses privilèges de parlementaire.
M. Gaudreau a souligné l’importance de respecter le privilège parlementaire. Il a soutenu que l’organisation réfléchit « à la manière dont nous pouvons nous améliorer à ce sujet ».