Je vous en prie
Je suis un homme de 54 ans qui prend soin de sa mère de 87 ans, et comme votre courrier est en connexion directe avec le vécu des gens de notre temps, j’ai pensé vous informer de ce que nous venons de vivre.
Ma mère est en perte d’autonomie, surtout au niveau de la mobilité. Elle a habité dans une résidence de Montréal pendant trois ans. À la suite d’une hospitalisation et d’un séjour en centre de réadaptation, elle a pu obtenir la « fameuse lettre » qui permet une résiliation de bail pour cause de besoin de soins accrus. Mais comme elle a la cote 4 dans son évaluation avec besoin d’aide pour s’habiller et se déplacer, ça l’empêche d’être prise en charge par un CHSLD.
J’ai donc contacté une résidence de type familial. Comme la responsable des lieux promettait d’offrir à ma mère des soins à la hauteur de ses besoins, nous sommes allés de l’avant. Elle s’y installait le 2 octobre dernier. La suite fut abominable. Très occupé de mon côté, je n’ai pu appeler ma mère que les soirs, et plus je posais des questions, plus je sentais la crainte, les silences suspects, le malaise, parfois des sanglots. Elle a fini par m’avouer que la nourriture était insipide, qu’il y avait un minimum d’entretien ménager, que la chaise d’aisance était laissée pleine de déjections pendant des heures dans sa chambre et que l’aide promise ne se concrétisait pas.
Après quelques messages inquiétants et laissés par ma mère sur mon répondeur, du genre « J’suis pu capable ! Viens me chercher ! », le 8 octobre dernier je la sortais de ce lieu. Parlant avec d’autres résidents, je fus à même de ressentir le malaise de ces personnes laissées à elles-mêmes par la société et vivant sous le joug d’une mégère avaricieuse.
Avec une facture de 1200 $ pour six jours, cette harpie m’a répondu que je devais m’estimer heureux qu’elle ne m’ait pas facturé le mois de novembre en plus. Ma mère, une dame âgée, usée par une vie difficile et une panoplie de maladies, est retournée, affaiblie, abattue et inquiète, dans son ancienne unité d’habitation. Moi qui avais cru bien faire, j’ai fait subir à ma mère une semaine infernale et je m’en veux. Comment aurais-je pu savoir que ces gens-là étaient aussi mauvais, quand rien sur le web ne nous en prévient ? Comment faire pour épargner à d’autres une pareille infortune ? RF
Cessez de vous torturer, vous ne pouviez pas deviner. Dans un tel cas, il ne faut pas hésiter à signaler, verbalement ou par écrit, les faits vécus au bureau du Commissaire aux plaintes et à la qualité des services. Pour plus d’information, composez le numéro sans frais : 1 844 691-0762.