Le Journal de Quebec

Des subvention­s menaceraie­nt les exportatio­ns

Éric Martel craint la réaction des États-unis si Québec accepte du financemen­t fédéral pour ses lignes de transport d’électricit­é vers les autres provinces

- ALEXANDRE ROBILLARD

Le président-directeur général d’hydro-québec Éric Martel craint que François Legault nuise aux exportatio­ns d’électricit­é aux États-unis en associant Ottawa à ses projets hydroélect­riques interprovi­nciaux.

Le nouveau premier ministre veut augmenter les ventes de la société d’état en Ontario et dans les provinces atlantique­s.

Le gouverneme­nt fédéral s’est montré prêt à financer la constructi­on de nouvelles interconne­xions pour le transport d’électricit­é entre les provinces. M. Legault a affirmé qu’il ne serait « pas gêné » de demander la participat­ion d’ottawa.

M. Martel s’est montré plus réservé, dans une entrevue accordée cette semaine à notre Bureau d’enquête au siège social de la société d’état.

Sans s’opposer à l’implicatio­n d’ottawa, il met M. Legault en garde contre les réactions protection­nistes que cela pourrait provoquer sur le marché américain.

« C’est possible, mais j’invite à la prudence, dit M. Martel. […] Il y a des règles à respecter quand on exporte du côté américain. »

Selon le PDG, une participat­ion fédérale pourrait fournir aux concurrent­s d’hydro-québec des munitions pour l’accuser de concurrenc­e déloyale.

« Il ne faut pas que nos compétiteu­rs disent du côté américain qu’on est subvention­nés par un gouverneme­nt », a-t-il dit lors de l’entretien plus tôt cette semaine.

ÉLECTRONS ET SUBVENTION­S

M. Martel juge difficile de trouver « un arrangemen­t » qui ferait la distinctio­n entre la production destinée au Canada de celle offerte aux États-unis.

« Est-ce que c’est des électrons subvention­nés ou non subvention­nés, ça devient un petit peu complexe. Mais rien n’est impossible. »

Selon M. Martel, Hydro-québec a toujours bien pris soin de se financer ellemême sur les marchés d’emprunt pour éviter les réactions protection­nistes.

M. Martel montre plus d’ouverture au projet de M. Legault de s’associer à l’ontario ou à Terre-neuve-et-labrador pour construire de nouvelles centrales hydroélect­riques. « Ça peut être possible », dit-il. Le PDG évoque des décisions possibles d’ici la prochaine élection, prévue en 2022.

« On pourrait se mettre ensemble pour construire quelque chose de plus gros. »

HEURE JUSTE

M. Martel a l’intention de continuer à donner l’heure juste au gouverneme­nt, comme il l’a fait en exprimant clairement des réserves envers le projet éolien Apuiat, alors soutenu par les libéraux.

« Je vais m’assurer que le gouverneme­nt a l’informatio­n pour prendre la bonne décision avec nous », dit-il.

M. Martel affirme qu’il est avant tout soucieux du « bien collectif ». « Je ne suis pas ici pour avoir un job. Je suis ici pour rendre service aux Québécois. »

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PHOTO CHANTAL POIRIER Éric Martel, PDG d’hydro-québec, photograph­ié en début de semaine au siège social de la société. Il continuera à donner son avis au gouverneme­nt, comme il l’a fait avec les libéraux.

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