Le Journal de Quebec

Une centaine de grutiers risquent de lourdes amendes

Une centaine de travailleu­rs et de syndicalis­tes ayant pris part à la grève illégale des grutiers en juin dernier risquent de se faire imposer de lourdes amendes.

- HUGO JONCAS

La Commission de la constructi­on du Québec (CCQ) a transmis au total 497 dossiers aux procureurs responsabl­es d’entreprend­re des poursuites pénales, a appris notre Bureau d’enquête. Plusieurs individus sont concernés par plus d’un « événement ».

Toutes les dénonciati­ons ne mèneront pas nécessaire­ment à des poursuites, mais le Départemen­t des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) accepte 96 % des dossiers de la CCQ, selon son dernier rapport annuel.

GRÈVES INTERDITES

Les enquêtes concernent des violations aux articles de la loi sur les relations de travail dans la constructi­on qui interdisen­t les grèves et les ralentisse­ments sur les chantiers pendant la durée de la convention collective.

Quiconque encourage ou participe à des débrayages entre les périodes de négociatio­n des convention­s collective­s s’expose à des amendes de 199 $ à 965 $ par jour de grève illégale.

Du 18 au 25 juin, les grutiers ont débrayé illégaleme­nt dans tout le Québec pour protester contre les nouvelles règles touchant la formation dans leur métier.

Dès le début de la grève, la chef des relations publiques à la CCQ, Mélanie Malenfant, avait dénoncé des « visites suffisamme­nt convaincan­tes » sur les chantiers pour inciter les grutiers à quitter le travail.

PONT CHAMPLAIN AFFECTÉ

Le nouveau pont Champlain avait été particuliè­rement touché par le conflit. Une grève des heures supplément­aires l’avait considérab­lement ralenti dès le 2 juin.

Selon nos informatio­ns, le mot d’ordre provenait de la direction du local 791G de la Ftq-constructi­on, le plus grand syndicat de grutiers, dirigé par Evans Dupuis.

Sur le terrain, il a pu compter sur l’appui de son frère Jocelyn Dupuis, qui a dirigé la Ftq-constructi­on jusqu’en 2008 avant de quitter ses fonctions à cause du scandale de ses fausses dépenses. Il a ensuite purgé une peine de prison pour fraude à l’endroit de sa propre centrale syndicale.

Joint par notre Bureau d’enquête, Evans Dupuis refuse de commenter le transfert des dossiers d’enquête aux procureurs.

« Je vais attendre de voir si le DPCP va de l’avant », dit-il.

L’autre grand syndicat de grutiers, l’union internatio­nale des opérateurs-ingénieurs (local 905), avait suivi le mot d’ordre en juin. Il n’a pas réagi à nos informatio­ns.

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