Soutenu par Washington, le Kosovo se dote d’une armée
Le pays veut affirmer sa souveraineté face à la Serbie QUÉBEC - LEBOURGNEUF
PRISTINA | (AFP) Le Kosovo a décidé hier avec le soutien des Américains de se doter d’une armée pour affirmer sa souveraineté, décision accueillie avec colère par la Serbie, qui ne reconnaît pas son indépendance.
Le président serbe Aleksandar Vucic a fustigé cette décision et appelé à une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de L’ONU.
« Le Parlement du Kosovo a adopté la loi sur la force de sécurité du Kosovo ! Félicitations ! » a lancé de son côté le président du Parlement de Pristina, Kadri Veseli, à des députés unanimes, les 10 élus de la minorité serbe ayant boycotté la séance.
Effectuant surtout des missions de sécurité civile, les Forces de sécurité du Kosovo (KSF) seront chargées d’« assurer l’intégrité territoriale du pays », « de protéger la propriété et les intérêts de la République du Kosovo, d’apporter un soutien militaire aux autorités civiles en cas de catastrophe, et de participer à des opérations internationales », selon la loi.
La mue devrait prendre jusqu’à 10 ans, selon analystes et responsables. Aujourd’hui forts de 2500 membres, les effectifs de la KSF doivent passer à 5000, plus 3000 réservistes.
Depuis la fin de la guerre entre forces serbes et indépendantistes kosovars albanais (1998-99, plus de 13 000 morts), la sécurité du Kosovo est garantie par une force internationale menée par L’OTAN, la KFOR.
Le vote a été salué par les États-unis, solide soutien de Pristina, dont l’ambassadeur s’est félicité d’une contribution « à la paix et la stabilité au Kosovo et dans la région ».
COLÈRE DE BELGRADE
Le président serbe Aleksandar Vucic a exprimé sa colère lors d’une intervention télévisée. Il est « absolument clair que derrière tout ce que font les Albanais (du Kosovo), il y a les États-unis, la Grande-bretagne et, dans le cas de la création de l’armée, l’allemagne aussi ».
« Ils ne comprennent pas qu’ils ont tous dépassé les bornes », a poursuivi M. Vucic, qui a demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de L’ONU, où les Serbes peuvent compter sur les soutiens russe et chinois.
Le secrétaire général de L’OTAN, Jens Stoltenberg, a regretté le vote, expliquant que l’alliance allait « être contrainte de réexaminer le niveau d’engagement » de son organisation auprès de la KSF.
L’union européenne a également exprimé ses réserves, estimant que le mandat de la KSF « ne devrait être modifié que par un processus inclusif (des Serbes).