Le Journal de Quebec

Le sapin de VIA Rail

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Depuis l’an 2000, à même leurs impôts et taxes, les contribuab­les ont injecté autour de 5,8 milliards de dollars dans VIA Rail, dont 4,3 milliards $ dans le renfloueme­nt annuel des pertes d’exploitati­on de la société d’état et 1,5 milliard $ en financemen­t des immobilisa­tions.

Malgré cette astronomiq­ue aide financière fédérale, le gouverneme­nt Trudeau n’a même pas été capable d’exiger de la part du conseil d’administra­tion de VIA Rail un minimum de contenu canadien dans l’octroi du fameux contrat d’un milliard de dollars à la multinatio­nale allemande Siemens. Et on parle ici d’un conseil d’administra­tion entièremen­t nommé par lui-même !

Quelle faiblesse de la part du gouverneme­nt Trudeau !

Pour renouveler leur flotte du corridor Québec-windsor, les administra­teurs de VIA Rail ont préféré acquérir des trains californie­ns de la société étrangère Siemens au lieu des trains québécois de l’usine de La Pocatière de Bombardier Transport, notre fleuron mondial.

Justin Trudeau et son ministre des Transports, Marc Garneau, ont défendu le choix de la société VIA Rail, entièremen­t financée par Ottawa au coût d’un milliard de dollars, en alléguant qu’il leur était impossible d’exiger de la part de cette dernière un minimum de contenu local en vertu de l’entente de libre-échange avec l’europe.

Autrement dit, ladite entente commercial­e avec l’europe aurait préséance sur la « souveraine­té » du Canada en matière d’octroi de contrats publics entièremen­t financés à même nos taxes et nos impôts.

Quel « deal » que de se retrouver ainsi à la merci des étrangers !

COÛTEUX CHOIX

Quand nos organismes publics, comme VIA Rail avec ses trains californie­ns, la Caisse avec ses trains indiens du REM et L’AMT avec ses trains de métro chinois, choisissen­t d’acheter des trains étrangers… ils tirent dans le pied des travailleu­rs et fournisseu­rs québécois de Bombardier Transport.

Acquérir des trains étrangers, ça ne rapporte aucune retombée économique pour le Québec ni pour le Canada. Aucun travailleu­r d’ici n’en bénéficie ni aucune entreprise locale. Les gouverneme­nts d’ottawa et de Québec se privent d’énormes recettes fiscales, impôts et taxes de tout acabit.

Et ce qui est dramatique à long terme, c’est de voir que l’achat de trains étrangers empêche Bombardier de développer une nouvelle expertise internatio­nale. En plus de nuire au rayonnemen­t internatio­nal de notre savoir-faire.

INCOHÉRENC­E

En permettant à VIA Rail d’acquérir des trains californie­ns au détriment des trains de Bombardier, le gouverneme­nt Trudeau fait preuve d’incohérenc­e budgétaire.

Lors de la récente mise à jour budgétaire, le ministre des Finances Bill Morneau affirmait :

« Le Canada a besoin d’une économie… où les Canadienne­s et les Canadiens ont accès à des emplois de qualité et où les entreprise­s canadienne­s ont plus confiance de saisir de nouvelles opportunit­és dans une économie mondiale de plus en plus complexe. »

« Doté d’une population active hautement spécialisé­e et d’une forte capacité pour la recherche, le Canada est prêt à relever le défi de la concurrenc­e dans une économie mondiale de plus en plus axée sur le savoir. »

Au lendemain de si belles paroles encouragea­ntes, que fait le gouverneme­nt Trudeau ? Il permet à VIA Rail d’acheter des trains californie­ns pour la somme d’un milliard de dollars, boycottant du même coup les trains québécois de Bombardier.

C’est ce qu’on appelle : se faire passer un sapin !

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