Le Journal de Quebec

L’arbitre du combat encore ébranlé

Adonis Stevenson dans le coma

- RÉJEAN TREMBLAY rejean.tremblay@quebecorme­dia.com

NEW YORK | Le troisième homme sur le ring, à Québec, quand Adonis Stevenson s’est écrasé sous les coups d’oleksandr Gvozdyk, vit son propre drame.

Michael Griffin a perdu une quinzaine de livres depuis cette nuit du 1er décembre. Hier, les traits amaigris, il attendait impatiemme­nt dans le portique de l’hôtel le moment de se diriger vers le Madison Square Garden où il allait arbitrer en soirée le match de Sadam Ali.

« Je voulais revenir tout de suite dans l’action. C’est comme après un accident, faut recommence­r le plus vite possible », a noté Griffin.

Toute la communauté de la boxe, locale ou internatio­nale, a été unanime à souligner que le travail de l’arbitre à la fin du combat à Québec avait été impeccable. Dans les circonstan­ces, il ne pouvait entrer plus vite dans l’action. En une ou deux secondes, les deux boxeurs ont changé de position en même temps que Gvozdyk frappait les derniers coups sur le champion.

Mais la communauté internatio­nale, ce n’est pas le coeur ni l’âme de Michael Griffin. C’est un homme fier qui est hyper conscient de l’importance de son travail sur un ring. Il s’est toujours fait un point d’honneur d’être sur le ring pour assurer la sécurité des boxeurs.

CENT FOIS LE COMBAT

« J’ai dû revoir le combat au moins cent fois. Tout est allé tellement vite. J’avais affaire à un gaucher contre un droitier et c’est plus difficile de toujours avoir un angle ouvert pour intervenir. Je ne peux pas voir comment j’aurais pu réagir autrement. J’ai vu que Stevenson ne pouvait plus se défendre. Mais à cause des mouvements des deux boxeurs et de ma position, j’ai dû attendre une seconde », de dire Griffin.

Il n’a pas encore contacté le clan Stevenson. Il compte attendre encore quelques jours avant d’appeler Simone God. « J’ai perdu l’appétit, j’ai maigri de plus de 10 livres. Chaque nuit, je me réveille à 4 heures du matin avec les images du combat en tête. J’ai passé proche d’abandonner », a-t-il ajouté, la gorge nouée par l’émotion.

Et pourtant, l’arbitrage est une passion profonde chez cet homme droit et respecté sur toute la planète.

LES VRAIES CAUSES

Griffin est conscient que ce n’est pas un seul coup de poing qui a provoqué la blessure subie par Stevenson. Il a assez d’expérience dans la boxe pour explorer d’autres causes de ce drame. Préparatio­n, camp d’entraîneme­nt, déshydrata­tion ; si jamais le pire arrivait, il faudra trouver les raisons réelles.

Et puis Griffin était en fonction à Toronto quand Badou Jack a failli passer le knock-out à Adonis dans les 30 dernières secondes de leur combat.

D’ailleurs, dès le premier round à Québec, Griffin s’est passé la remarque que Stevenson semblait avoir pris un coup de vieux. Mais il s’est vite concentré sur son travail.

Hier soir, quand il est monté sur le ring du Madison Square Garden, Griffin était visiblemen­t nerveux. Seul, attendant l’arrivée des boxeurs et de leurs soigneurs, ses pieds bougeaient et il respirait profondéme­nt. Puis, les pugilistes ont fait leur apparition et les réflexes ont pris le dessus. L’arbitre s’est rendu dans le coin de Sadam Ali et a fait les vérificati­ons d’usage. En pro.

Le combat a commencé, et après quelques dizaines de secondes on a retrouvé Michael Griffin. Vif, toujours bien positionné et l’attitude autoritair­e qui est nécessaire pour la protection des boxeurs.

Comme un jeune qui tombe en bicyclette, fallait recommence­r à pédaler. Au troisième round, tout était redevenu normal.

Life goes on…

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 ??  ?? Michael Griffin est encore marqué par le combat qu’il a arbitré entre Adonis Stevenson et Oleksandr Gvozdyk. En mortaise, on peut voir l’officiel photograph­ié hier à New York, avec près d’une quinzaine de livres en moins depuis le combat du 1er décembre. PHOTOS D’ARCHIVES, DIDIER DEBUSSCHÈR­E ET RÉJEAN TREMBLAY
Michael Griffin est encore marqué par le combat qu’il a arbitré entre Adonis Stevenson et Oleksandr Gvozdyk. En mortaise, on peut voir l’officiel photograph­ié hier à New York, avec près d’une quinzaine de livres en moins depuis le combat du 1er décembre. PHOTOS D’ARCHIVES, DIDIER DEBUSSCHÈR­E ET RÉJEAN TREMBLAY
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