Le Journal de Quebec

Le fils de la « taupe de la GRC » dans l’eau chaude

- ERIC THIBAULT

Un Québécois dont le père fut surnommé « la taupe de la GRC » pour avoir coulé des renseignem­ents policiers à la mafia a été la cible d’un incendie criminel, durant la nuit de jeudi.

Le Journal a appris que c’est la Ford Escape d’anthony Cecere, un homme de 39 ans aux nombreux démêlés judiciaire­s, que des malfaiteur­s ont tenté de faire flamber dans l’arrondisse­ment de Saint-léonard, à Montréal.

Les suspects ont brisé la vitre arrière du véhicule pour jeter un bidon d’essence à l’intérieur et allumer le feu. Les pompiers ont vite maîtrisé les flammes, mais le VUS est lourdement endommagé.

Le SPVM enquête pour retrouver les suspects et déterminer leur mobile.

Déjà condamné pour trafic de stupéfiant­s, Anthony Cecere a récemment fini de purger trois ans de prison pour avoir volé et sévèrement tabassé un homme avec deux complices, au printemps 2015, à Brossard. La victime aurait été battue à coups de bâton télescopiq­ue et de gants de plomb.

Son père, Angelo Cecere, a davantage fait parler de lui dans les médias.

Ce dernier a passé 26 ans comme employé civil de la Gendarmeri­e royale du Canada (GRC) où il transcriva­it et traduisait des conversati­ons téléphoniq­ues intercepté­es lors d’enquêtes sur le crime organisé de souche italienne.

PIÉGÉ PAR SON EMPLOYEUR

Le sexagénair­e a traduit des pans de la preuve amassée dans l’enquête Colisée, qui a porté un dur coup au clan Rizzuto en 2006. Mais à la suite de cette opération, la GRC a soupçonné Angelo Cecere de servir d’informateu­r à la mafia.

Les policiers l’ont alors piégé en l’invitant à participer à une fausse enquête, le projet Clandestin.

Un soir de juillet 2007, le suspect a demandé à son fils cadet, Steven, de faire venir à la maison son ami Nicola Di Marco, alors considéré comme une étoile montante de la mafia, en spécifiant que c’était « important ».

La GRC a ensuite arrêté sur place le traducteur, ses deux fils et « Nic » Di Marco, qui se préparait à repartir avec des documents policiers supposés confidenti­els.

Angelo Cecere s’est reconnu coupable d’abus de confiance par un fonctionna­ire et a écopé d’un an de prison, au printemps 2013. Ses fils Anthony et Steven s’en étaient tirés sans accusation, bien que la GRC les a décrits comme messagers entre leur père et la mafia.

Leur père avait intenté une poursuite en diffamatio­n contre Le Journal pour avoir révélé les circonstan­ces de son arrestatio­n dès l’été 2007, mais la juge Danièle Mayrand l’avait débouté.

La GRC avait établi que l’ex-traducteur était à la solde du caïd Giuseppe « Ponytail » De Vito, qui est mort six ans plus tard d’un empoisonne­ment au cyanure dans sa cellule du pénitencie­r de Donnacona.

Nicola Di Marco a été tué par balles dans le quartier Anjou, en mars 2017.

– Avec Félix Séguin, Bureau d’enquête

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