Le Journal de Quebec

Où s’en va Mazda ?

L’AUTO SELON JOUBERT

- Antoine Joubert

On assiste depuis des années à un nombre de plus en plus marqué d’associatio­ns entre constructe­urs automobile­s.

Pensez aux congloméra­ts tels Fiat/ Chrysler (FCA) ou encore l’alliance Renault/nissan/mitsubishi (ces joursci échaudée), mais aussi à tous les partenaria­ts entre constructe­urs. Par exemple, au partage de technologi­es entre Nissan et Mercedes-benz, ou au fait qu’on retrouve aujourd’hui la même transmissi­on à bord d’un Chevrolet Silverado et d’un Ford F-150.

Ce genre de pratique est aujourd’hui nécessaire à la rentabilit­é d’un constructe­ur automobile, et Mazda, petit joueur, n’a d’autre choix que de faire de même. Ainsi, on fournit par exemple la berline Mazda2 à Toyota qui la commercial­ise chez nous sous le nom Yaris.

À l’inverse, Mazda pourrait éventuelle­ment profiter du développem­ent technologi­que de Toyota en matière d’hybridatio­n pour équiper ses véhicules. Or, les plans du constructe­ur ne semblent toutefois pas aller en ce sens. Du moins, pas dans l’immédiat. Pourquoi ? Parce que la firme d’hiroshima souhaite avant tout établir une stratégie autour des six modèles qu’on commercial­ise actuelleme­nt chez nous.

Avec six modèles, qui incluent une MX-5 plutôt nichée, Mazda couvre près de 60 % du marché automobile au pays. Pourquoi ? Parce que les multisegme­nts et les voitures compactes sont encore très populaires. Avec la MX-5, il n’y a en fait que la Mazda6 qui bat de l’aile, un problème qui pourrait potentiell­ement être réglé avec la venue prochaine d’une nouvelle génération assurément plus luxueuse et dotée du rouage intégral. Autrement, les CX-3, CX-5 et CX-9 se vendent bien, et la nouvelle Mazda3 promet de faire un tabac.

Pour Mazda, la 3 est un produit essentiel. Un modèle phare. Et même si les Américains délaissent la voiture compacte, la plupart des firmes nipponnes sont, comme Mazda, d’avis que ce marché en légère baisse est pourtant loin d’être mort.

STRATÉGIE

Pour se démarquer, il faut cependant que le produit se distingue et qu’on apporte quelque chose de nouveau. Parce que lorsque le prix est l’unique raison d’achat, on se retrouve souvent en queue de peloton. À preuve, les timides ventes de la Kia Forte et de la Nissan Sentra.

La stratégie de Mazda avec la nouvelle 3 repose donc sur le style, le plaisir, la traction intégrale, mais également sur l’aspect plus luxueux du véhicule. D’ailleurs, les modèles les plus cossus (GT, Signature) comptent aujourd’hui pour plus du tiers des ventes des produits Mazda. Cela permet ainsi de comprendre que les acheteurs de la marque sont de plus en plus exigeants, souhaitant d’une part bénéficier d’un véhicule moderne et raffiné, sans toutefoiis devoir débourser pour un logo pres-pres- tigieux. D’ailleurs, Mazda est l’un des seuls constructe­urs japonais au pays à ne pas offrir de marque de luxe distincte au public, par exemple Acura pour Honda.

Avec l’arrivée des modèles Signature (CX-5, CX-9… et probableme­nt les Mazda3 et Mazda6 d’ici peu), Mazda parvient donc à rejoindre les acheteurs de produits catégorisé­s comme « premium ». Par exemple, l’acheteur d’un Audi Q5 d’entrée de gamme pourrait considérer un CX-5 Signature. Même chose pour l’acheteur d’un Infiniti QX60, qui se tournerait vers un CX-9 Signature.

C’est donc dans cette direction que Mazda se dirige, en ne négligeant pas bien sûr les acheteurs aux besoins plus rationnels. Or, pour Mazda, plus question de liquider des flottes de véhicules sur des parcs de location et d’attribuer des rabais monstres à la façon Hyundai ou Nissan. Car il n’est pas question de vendre pour vendre, avec pour seul objectif de toujours battre des records.records On vise à offrir une bonne valeur, à améliorer les valeurs résiduelle­s des produits, et bien sûr, à ce que chaque transactio­n soit plus profitable. En fait, on calque sous certains angles la stratégie de Subaru qui, pour l’heure, demeure la marque japonaise généralist­e au profit le plus élevé par véhicule vendu.

LE DIESEL, C’EST FAIT !

En terminant, vous avez peut-être lu depuis plusieurs années que Mazda était sur le point de commercial­iser son moteur diesel SKYACTIV-D. Vous n’aviez pas rêvé. On vous le promettait chaque année depuis 2014, en repoussant chaque fois la date de mise en marché. Évidemment, le dieselgate Volkswagen n’a pas aidé la cause de ce moteur, qui ne réussissai­t sans doute pas à se conformer aux normes, lui non plus. Or, Mazda Canada nous a récemment confirmé l’homologati­on nord-américaine du moteur qui se retrouvera vraisembla­blement sous le capot du CX-5 pour 2020. Et cette fois, sans confirmer la date exacte de son arrivée, on nous dit que c’est la bonne ! À

suivre…

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PHOTOS COURTOISIE Mazda souhaite proposer des véhicules plus haut de gamme sans négliger ses acheteurs actuels.
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