LOUISE DESCHÂTELETS
Quand le piège se referme sur toi
Je lisais votre chronique ce matin en prenant mon café et j’ai eu l’impression d’y lire l’histoire de ma soeur. La fille racontait qu’elle avait fait la connaissance d’un gars alors qu’il était en libération conditionnelle, mais qu’une récidive dans le monde de la criminalité l’avait ramené derrière les barreaux pour une très longue période. Indicatif de la gravité du crime.
Elle le décrit comme étant jaloux, agressif et possessif, puisqu’il tente par tous les moyens de contrôler sa vie civile à elle. Il la suit à distance, et, quand elle ose lui dire qu’elle est sortie avec ses amies, il l’engueule. Sa famille est contre cette relation, mais elle leur tient tête en affirmant que, dans le fond, ce garçon est brillant et charmant à ses heures.
Ma soeur en avait rencontré un comme ça alors qu’elle faisait une forme de bénévolat dans les prisons. Elle était tombée raide amoureuse de lui. On avait beau lui dire que ça n’avait pas de sens qu’elle perde sa vie pour un homme qui la brassait comme un sapin dès qu’elle faisait quelque chose qu’il n’aimait pas, elle ne voulait rien savoir.
Elle l’a attendu jusqu’à sa sortie de prison pour l’épouser. Elle lui a consacré sa vie, son argent et sa santé. Il lui a fait trois enfants, dont elle avait la charge totale puisqu’il ne s’occupait de rien, en plus de la traiter comme une servante. Mais quand il faisait un gros coup d’argent, il la gâtait, et elle retombait dans le piège du beau parleur.
Puis après 25 ans de vie commune, il l’a plantée là, et elle ne s’en est jamais remise. Elle a mené ses trois enfants jusque sur le marché du travail, puis elle a abandonné la partie, pour ne pas dire la vie. Elle ne voit plus personne dans la famille, à part son aînée à l’occasion.
Ma soeur est une loque que cet homme a complètement détruite et, honnêtement, elle s’est laissée faire. Alors, je voudrais dire à cette personne « Cours, va-t’en loin de lui ! Tu as dit à Louise que sa précédente femme interdisait à ses deux enfants de voir leur père sous prétexte qu’il n’était pas un bon exemple pour eux, et elle a raison. Prends exemple sur elle, qui l’a mieux connu que toi puisqu’elle a vécu avec lui avant qu’il ne soit incarcéré. Donne-toi cette chance ma belle ! Sinon tu risques de vivre l’enfer. »
J’aurais aimé, Louise, que vous lui disiez de fuir cet homme malsain, mais vous ne l’avez pas fait. Vous avez préféré la faire réfléchir par elle-même sur ce qu’elle vit pour l’emmener à prendre la bonne décision. Peut-être aviezvous raison ? Mais, moi, je préfère y aller plus rudement, car j’ai vu de mes propres yeux comment ce genre d’homme peut détruire une femme.
Comme toute sa famille et ses amies avaient adopté la méthode que vous préconisez, et que ça n’avait servi qu’à la confirmer dans sa volonté de continuer à fréquenter cet homme, j’ai pensé qu’en la faisant réfléchir sur les travers de ce monsieur, ça risquait plus de l’ébranler. Car, entre vous et moi, la description qu’elle faisait du monsieur aurait d’ores et déjà dû la faire fuir.
J’espère que le récit de l’histoire de votre soeur viendra renforcer le côté malsain de semblables relations et la conduira vers une perception plus saine d’un homme qui, au-delà des méfaits qui l’ont mené derrière les barreaux, a développé des travers de caractère inacceptables pour une personne équilibrée et incompatibles avec une saine vie à deux. Un autre lecteur m’a fait parvenir à son intention une maxime venant de sa mère, qui exerçait la profession de sage-femme et qu’il décrivait comme une femme très éduquée pour son temps : « Il y a des femmes qui cherchent le trouble comme l’aimant cherche l’acier ! »