La Ville perdra « beaucoup d’argent »
Les terrains de la Défense nationale devrait servir à un projet de densification urbaine, croient des promoteurs
Québec échapperait plusieurs millions de dollars par année en taxes en vendant les terrains à la nation huronne-wendate, selon le promoteur Pierre Moffet, qui, comme d’autres firmes immobilières, convoite le site. › PAGE 3
Des promoteurs immobiliers convoitent eux aussi les terrains de la Défense nationale à Sainte-foy que la nation huronne-wendat désire obtenir pour agrandir la réserve. Selon eux, la Ville de Québec ne peut pas se priver de revenus de taxes d’au moins 5 à 10 M$ par année.
Pierre Moffet, président de Douville, Moffet & Associés, évalue que ces terrains valent plus de 60 M$, si l’on considère les récentes transactions survenues dans le plateau centre de Sainte-foy.
La Défense nationale a déclaré excédentaires les 12,2 hectares de terrain (1 319 000 pieds carrés) dans l’ancienne zone d’unités d’habitation qui a été démolie l’automne dernier.
La nation huronne-wendat confirme être en pourparlers avancés avec le gouvernement fédéral pour obtenir la cession de ce site. Le grand chef Konrad Sioui a confiance que le transfert pourrait être réalisé tôt en 2019.
« La nation a aussi besoin d’aller chercher du financement pour ne pas toujours être à la solde des paiements de transfert du fédéral parce que sinon on serait très pauvres », a déclaré M. Sioui.
Le grand chef est prêt à se conformer au plan d’urbanisme qui prévaut dans ce secteur pour construire du logement social qui servirait en premier lieu aux membres de la nation. « Ça prend aussi du commercial pour nos entrepreneurs qui voudront se lancer », a-t-il dit.
DENSIFICATION
Des promoteurs immobiliers préféreraient plutôt que le gouvernement procède par appel d’offres pour en disposer. Ils souhaiteraient pouvoir les acquérir pour les développer.
Selon M. Moffet, qui est derrière Quartier QB et de nombreux autres projets, dont certains en collaboration avec Ivanhoé Cambridge, le bras immobilier de la Caisse de dépôt et placement du Québec, le site pourrait « facilement » recevoir entre 1000 et 2000 logements ou condominiums.
« Avec la venue du nouveau système structurant de transport en commun, il va falloir de la densification et c’est un terrain qui est avantageusement positionné pour faire du développement », ajoute de son côté Claude Beaudet, associé chez Beaudet et Saucier, qui serait aussi intéressé par l’acquisition du site.
Un projet immobilier pourrait rapporter au bas mot entre 5 M$ et 10 M$ de taxes foncières à la Ville de Québec, ajoute M. Moffet, alors que les Premières Nations ne paient ni taxes ni impôts sur leur territoire, prend-il soin de rappeler.
« C’est beaucoup d’argent que la Ville va perdre », prétend M. Moffet.
« Ça n’a pas de bon sens. C’est gaspillé. C’est se priver de richesses foncières », ajoute M. Beaudet.
RÉACTIONS
M. Sioui n’est pas surpris par ces réactions. « Ça va amener des revenus à la nation huronne-wendat, qui a aussi droit à sa place au soleil », a-t-il tranché en invitant les promoteurs à présenter leurs projets à la nation huronne.
Le député de Louis-hébert, Joël Lightbound, ajoute que les discussions avec la nation huronne « progressent bien ».
« Dans un esprit de réconciliation, je vois d’un très bon oeil que la nation acquière ces terrains. On est encore à un stade de discussions avec les différents partis, mais la démarche qu’ils ont entreprise est sérieuse », a-t-il dit.
Le maire de Québec a déjà indiqué qu’il ne voyait pas d’inconvénients à ce que le terrain soit acquis par les Hurons-wendats, pourvu que le futur développement s’arrime avec la vision de la Ville. Le gouvernement du Canada est déjà exonéré du paiement de tout impôt foncier. En revanche, il verse des paiements de remplacement aux administrations locales qui atteignent environ 570 millions $ par année pour ses 22 000 propriétés fédérales.