Le Journal de Quebec

RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com Les branchés contre les ploucs

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Il y a les gagnants de la mondialisa­tion.

Ils travaillen­t dans le milieu de l’informatiq­ue, de la finance et des communicat­ions, ils voyagent, vivent dans des quartiers homogènes, envoient leurs enfants dans de bonnes écoles.

Ils se considèren­t comme des citoyens du monde, possèdent une auto électrique ou prennent les transports en commun, car ils vivent en ville et n’ont jamais à faire de longue distance…

Bref, ce sont des bobos – le portefeuil­le à droite et le coeur bien à gauche.

Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais.

ALLO MAMAN BOBOS

Puis il y a les perdants de la mondialisa­tion.

Ils tirent le diable par la queue, ont vu l’entreprise pour laquelle ils travaillai­ent déménager dans un pays « émergent », habitent des quartiers chauds où les différente­s communauté­s préfèrent vivre chacune dans son coin plutôt que vivre ensemble.

Ils ne voyagent pas, souffrent d’insécurité économique et culturelle, sont écoeurés de se faire regarder de haut par une élite méprisante et déconnecté­e qui préfère les minorités (tellement plus cool) au peuple (tellement ringard et réactionna­ire)…

Oubliez le traditionn­el combat gauche-droite.

La prochaine ligne de clivage est celle-ci.

Les gagnants de la mondialisa­tion contre les perdants.

Les bobos contre les prolos.

Ou, comme l’a écrit le philosophe français Alain Finkielkra­ut cette semaine, les branchés contre les ploucs.

C’est ce qui se passe en France.

La France « d’en bas » a mis un gilet jaune pour se faire remarquer par la France « d’en haut ».

Youhou, on est là, on existe !

« Le gilet jaune n’est-il pas ce dossard que l’on enfile la nuit lorsqu’on est perdu au bord de la route simplement pour être vu ? » comme l’a fait brillammen­t remarquer Christian Rioux dans Le Devoir…

« ÉCOUTEZ-NOUS ! »

Ça fait des années que les membres d’une certaine élite se parlent entre eux comme si personne d’autre n’existait, comme si tout le monde pensait comme eux.

Tous les dimanches, ils vont à la messe et s’agenouille­nt de façon ostentatoi­re devant le pape du Plateau pendant qu’un régisseur demande au bon peuple que l’on a fait venir pour remplir le jubé d’applaudir à chaudes mains (et au bon moment) la montée de lait 100 % bio d’un artiste marginal ou l’envolée « solidaire » d’un millionnai­re socialiste…

Ça fait des années que l’on dit au bon peuple de se taire et d’écouter les bien-pensants lui faire la leçon…

Eh bien, le bon peuple en a ras le cul.

Et il dit : « Écoutez-nous ! Vous ne cessez de vanter les splendeurs de l’immigratio­n alors que vous vivez dans des banlieues cossues où tout le monde est blanc et catholique.

« Vous ne cessez de dire que nous avons peur pour rien, que nous nous inventons des problèmes imaginaire­s, que nous ne pouvons penser par nous-mêmes et que nous sommes stupidemen­t manipulés par des commentate­urs nationalis­tes et populistes… »

LE PAVÉ DANS LA MARE

« Le plus excellent symbole du peuple, c’est le pavé, écrivait Victor Hugo. On marche dessus jusqu’à ce qu’il nous tombe sur la tête. »

Eh bien, c’est ce qui est en train d’arriver en France.

Et c’est ce qui risque d’arriver ici.

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