Le Journal de Quebec

Dirigés vers la SQDC par leur médecin

Des patients dénoncent être laissés à eux-mêmes pour l’obtention du pot médical

- CHRISTOPHE­R NARDI

OTTAWA | Plusieurs médecins de la province, dont une bonne partie à Québec, disent à leurs patients d’aller s’automédica­menter à la SQDC s’ils veulent du cannabis pour se soigner, dénoncent des patients et intervenan­ts du milieu.

« Les médecins doivent assurer le suivi adéquat pour chacun de leurs patients. Il est inadmissib­le qu’un médecin dise à son patient de se traiter lui-même. D’ailleurs, le Code de déontologi­e des médecins est très clair » que ce n’est pas permis, a commenté Caroline Langis, porte-parole du Collège des médecins du Québec (CMQ).

Celle-ci réagissait à des entrevues du Journal avec deux cliniques de cannabis médical ayant des bureaux à travers le Québec.

« C’EST INACCEPTAB­LE »

Les dirigeants disent que de plus en plus de personnes viennent les voir parce que leur médecin les a référés à la Société québécoise du cannabis (SQDC) s’ils voulaient du cannabis à usage médical.

« On a au moins une douzaine de personnes qui sont venues nous voir parce qu’elles souffraien­t de douleurs chroniques pour lesquelles les médicament­s réguliers ne faisaient pas effet. Mais leurs médecins leur ont dit qu’ils ne connaissai­ent pas assez le cannabis médical et leur ont dit d’amener leurs problèmes à la SQDC. C’est inacceptab­le », s’insurge Marc-andré Hébert, fondateur de Solution Cannabis Médical à Québec.

« Un médecin ne dirait pas à quelqu’un qui a besoin d’un antiseptiq­ue d’aller voir à la SAQ pour se faire conseiller, alors pourquoi ils disent quelque chose comme ça aux personnes intéressée­s par le cannabis médical », a-t-il continué.

Une de ces personnes est un septuagéna­ire de Québec atteint d’arthrose, qui a accepté de parler au Journal sous le couvert de l’anonymat, de crainte de s’attirer le courroux de son médecin.

Celui-ci a indiqué qu’il vit mal avec les effets secondaire­s des médicament­s usuels, et espérait que son médecin de famille puisse lui dire s’il y avait une solution de cannabis médical qui pourrait l’aider « sans que je sois gelé ».

« Mais mon médecin de famille m’a dit qu’elle n’était pas à l’aise avec le cannabis médical, et que si je voulais l’essayer, je n’avais qu’à aller à la SQDC leur demander ce qu’il me fallait, s’est insurgé l’homme. Je n’ai pas aimé ça du tout, surtout que les gens à la SQDC ne sont aucunement formés pour ça et j’ai peur qu’on me donne n’importe quoi qui ne m’aidera pas du tout. »

« Ce genre de situation est définitive­ment un gros problème, particuliè­rement dans la région de Québec, a martelé Nadia Kvakic, gestionnai­re de cliniques chez Santé-cannabis. Beaucoup de médecins là-bas sont très conservate­urs dans leurs pratiques et ne sont pas ouverts au cannabis médical. »

PAS OBLIGÉS DE PRESCRIRE

Or, aucun médecin n’est obligé de prescrire du cannabis à un patient s’il ne croit pas que ce soit un traitement adéquat, rappelle la porte-parole du CMQ.

Mais si le docteur ne se sent pas à l’aise avec ce produit, il a l’obligation d’adresser son patient à un spécialist­e, et non pas à la SQDC.

« Un des défis qui se présente aux médecins est de distinguer les patients qui peuvent réellement bénéficier du cannabis. Sachez qu’un médecin peut refuser de prescrire du cannabis à un patient et que cela ne signifie pas pour autant qu’il l’abandonne ou qu’il lui recommande de se soigner luimême », a indiqué Mme Langis.

Elle encourage les personnes qui ne se sentent pas bien conseillée­s par leur médecin à porter plainte au Collège des médecins du Québec.

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PHOTO STEVENS LEBLANC Marc-andré Hébert, fondateur de Solution Cannabis Médical à Québec, s’inquiète beaucoup du fait que des médecins disent à des Québécois d’aller s’automédica­menter à la SQDC s’ils veulent du cannabis à usage médical.

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