Le Journal de Quebec

Des partis fatigués

- CLAUDE VILLENEUVE Analyste politique et rédacteur claude.villeneuve@quebecorme­dia.com @vclaude

La saison politique particuliè­rement riche que nous venons de connaître est terminée. Tous les partis s’acheminent vers les Fêtes, alors que les députés se font voir dans les activités de Noël dans leur comté et que les stratèges tiennent encore quelques réunions, histoire de revenir sur les derniers mois et faire un peu de prospectiv­e.

Au Parti libéral comme au Parti québécois, éclipsés dans l’actualité par les énoncés de principe vestimenta­ires de Catherine Dorion, c’est plus péniblemen­t qu’on doit se pencher sur cette séquence qu’on aimerait mettre derrière soi, mais dont les conséquenc­es se trouvent toutefois en avant. Envisager l’avenir, dans un tel contexte, peut rapidement devenir anxiogène.

On en vient presque à oublier que la direction de ces deux partis est actuelleme­nt vacante, tant personne ne semble vouloir se précipiter pour la combler. Une course au leadership est pourtant rarissime au PLQ et, bien qu’elle suscite beaucoup de convoitise­s, personne ne se presse. Même les péquistes paraissent épuisés de jouer à leur sport national qui consiste à se dépêcher de s’investir dans une campagne qui durera trop longtemps pour trouver à quel nouveau chef, déjà amoché par l’exercice, on continuera de faire la vie dure.

JEUNESSE

Évidemment, même au PLQ, les coups de fil se font nombreux. Le désistemen­t hier de l’ancien ministre Pierre Moreau et son appel à l’émergence d’un chef de la nouvelle génération indiquent que les camps commencent à se placer. On raconte qu’un ralliement assez fort et spontané se dessine autour d’andré Fortin, que Dominique Anglade peine à recueillir des appuis, que Sébastien Proulx ne semble pas si enthousias­te et que tout le monde trouve Marwah Rizqy bien sympathiqu­e. Quant à Alexandre Taillefer, les choses vont mieux pour lui ; quand on fait toujours parler de soi pour les mauvaises raisons, la discrétion est salutaire.

Pourtant, il faut se demander si cette obsession pour la jeunesse des figures politiques — qui fait écho à ce que l’on a vu à Ottawa, en France et qui commence à se manifester aux États-unis — est vraiment la voie à suivre pour le PLQ. Un jeune chef guidé par le même entourage et les mêmes idées que ses prédécesse­urs n’amènerait rien de mieux qu’un ravalement de façade.

En outre, à voir la manière dont les députés libéraux se plaisent à critiquer la CAQ pour ce qu’ils n’ont pas fait eux-mêmes lorsqu’ils étaient au gouverneme­nt, on constate qu’ils n’en sont pas encore à l’introspect­ion. Les choses seraient peut-être différente­s s’il leur restait des députés dans le Québec francophon­e pour leur donner un autre son de cloche.

GROSSE FATIGUE

Au PQ, ça semble plutôt être la grosse fatigue. En abordant la chose avec un grand-angle, on constate que le parti s’est vidé autant par le bas que par le haut, avec les départs successifs de Stéphane Bédard, Pierre Karl Péladeau, Bernard Drainville, Martine Ouellet, Alexandre Cloutier et Jean-françois Lisée. Ça ne se bousculera pas au portillon pour être le prochain sacrifié.

Trouver un chef qui ajoute des appuis plutôt qu’un autre qui en retranche, ce sera éventuelle­ment une priorité pour le PQ. Mais est-il déjà trop tard ? C’est une question obsédante pour un parti qui doit d’abord se demander à quoi il doit servir.

 ??  ??
 ??  ?? Le désistemen­t de Pierre Moreau indique que les camps commencent à se placer.
Le désistemen­t de Pierre Moreau indique que les camps commencent à se placer.

Newspapers in French

Newspapers from Canada