Le Journal de Quebec

Québec demande, Ottawa dit non

- BOCK-CÔTÉ MATHIEU Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote

C’est une histoire qui, d’une année à l’autre, se répète, et qui se déroule toujours selon le même scénario. Le gouverneme­nt du Québec identifie un domaine de notre vie collective sur lequel il aimerait exercer sa pleine responsabi­lité. Alors il demande à Ottawa s’il est possible de rapatrier cette compétence gouverneme­ntale.

IMMIGRATIO­N

Puis vient la réponse. Non. Non. Et encore non. À l’occasion, Ottawa fait semblant d’hésiter. Mais sur le fond des choses, le gouverneme­nt fédéral a tranché depuis longtemps : c’est lui le vrai gouverneme­nt, et les provinces ne sont que des administra­tions secondaire­s, qui ne doivent pas se croire plus importante­s qu’elles ne le sont. C’est Ottawa qui fixe les grandes orientatio­ns pour le Canada, et chaque province les aménage ensuite à sa façon.

Le Québec aime se croire différent. Il se prend pour une société distincte. Mais le reste du Canada voit le Québec comme une province parmi d’autres, distincte seulement par le mépris qu’il inspire et la haine qu’il peut susciter quand il ose rappeler son identité culturelle propre.

Il faut avoir cela en tête si on veut comprendre pourquoi Ottawa vient d’envoyer paître le gouverneme­nt Legault, qui demandait une plus grande maîtrise québécoise sur l’immigratio­n.

RAISONNABL­E

On le sait, cette question est vitale pour notre avenir. Si nous ne voulons pas finir noyés dans le multicultu­ralisme canadien, si nous voulons intégrer les immigrés qui s’installent chez nous, si nous voulons bâtir une société harmonieus­e, fidèle à sa langue, et capable de transmettr­e sa culture, il nous faut avoir un plein contrôle sur l’immigratio­n, et la définir selon nos intérêts, et non pas selon ceux de la majorité canadienne-anglaise.

Ottawa aurait pu faire ce compromis. François Legault faisait une demande raisonnabl­e, modérée et de bonne foi. Mais c’était une demande de trop. Parce que notre existence est de trop dans ce pays.

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