Le Journal de Quebec

OPINIONS L’immigratio­n : une exigence de consensus

- FATIMA HOUDA-PEPIN

Depuis quatre ans, la CAQ jongle avec le dossier de l’immigratio­n. En mars 2015, elle a rendu public son nouveau pacte pour moderniser la politique d’immigratio­n du Québec : une responsabi­lité partagée entre les immigrants et la société québécoise.

Jeudi dernier, le ministre de l’immigratio­n, de la Diversité et de l’inclusion, Simon Jolin-barrette, a donné suite à ce pacte en déposant à l’assemblée nationale « le projet de loi no 9, Loi visant à accroître la prospérité socio-économique du Québec et à répondre adéquateme­nt aux besoins du marché du travail par une intégratio­n réussie des personnes immigrante­s ».

UNE INTÉGRATIO­N RÉUSSIE

L’adage dit que « le législateu­r ne parle pas pour rien dire ». Ainsi, la CAQ reconnaît que les immigrants jouent un rôle important dans « la prospérité socio-économique du Québec », et pour leur assurer une « intégratio­n réussie, il faudrait arrimer leurs besoins avec ceux du marché du travail, particuliè­rement en régions ».

L’immigratio­n est donc vue comme une responsabi­lité partagée entre les immigrants qui choisissen­t le Québec pour y vivre et s’épanouir et la société québécoise qui doit leur offrir les moyens nécessaire­s pour réussir leur intégratio­n.

Voilà une orientatio­n qui mérite un débat constructi­f qui nous changerait des invectives partisanes.

Les plateforme­s de tous les partis politiques contiennen­t de bonnes idées qui, si elles étaient mises à contributi­on, pourraient doter le Québec de la meilleure politique d’immigratio­n dans les pays démocratiq­ues.

Il est donc temps de dégager un consensus sur un certain nombre d’éléments essentiels qui favorisent l’intégratio­n des Québécois issus de l’immigratio­n au Québec et à ses institutio­ns.

Ce que propose le projet de loi no 9 peut être enrichi, notamment au chapitre de la connaissan­ce du français et des valeurs, dans le sens « des valeurs québécoise­s exprimées par la Charte des droits et libertés de la personne ».

Mais il faut bien se garder des méthodes coercitive­s. Par exemple, les valeurs que l’on retrouve dans la Charte québécoise des droits et libertés découlent de celles de la Déclaratio­n universell­e des droits de l’homme qui prévaut dans plusieurs pays du monde, d’où nous proviennen­t les immigrants. Plusieurs nous choisissen­t précisémen­t à cause des droits et libertés dont nous jouissons.

LE PIPELINE DE L’OUBLI

Il est déplorable que l’ancien gouverneme­nt ait gardé dans un pipeline de l’oubli près de 20 000 dossiers de travailleu­rs qualifiés qui avaient fait leurs demandes de sélection permanente.

Des délais inhumains où des dossiers poireauten­t jusqu’à dix ans dans un inventaire alors que nous connaisson­s une pénurie de main-d’oeuvre ?

La décision du ministre Jolin-barrette d’effacer l’ardoise en les annulant, moyennemen­t compensati­on financière, sera fort probableme­nt contestée au plan judiciaire. Le fédéral a eu recours au même procédé en 2012 et il a eu gain de cause devant les tribunaux.

Mais cette mesure ne peut pas s’appliquer universell­ement. Plusieurs cas sont à reconsidér­er, notamment ceux des travailleu­rs temporaire­s et des étudiants étrangers détenteurs d’un permis de travail qui sont déjà au Québec et qui attendent de régularise­r leur statut.

Quant à la réaction d’ottawa, il serait temps de sortir du mode intransige­ance et de se mettre en mode solution.

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L’immigratio­n est donc vue comme une responsabi­lité partagée entre les immigrants qui choisissen­t le Québec pour y vivre et s’épanouir et la société québécoise qui doit leur offrir les moyens nécessaire­s pour réussir leur intégratio­n.
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