Un deuxième patron quitte la Caisse en quatre jours
AlfonsoA Graceffa a « offert de se retirer » après notre enquête sur ses prêts
Plongée au coeur d’une série d’allégations de conflits d’intérêts et d’entorses à l’éthique, la Caisse de dépôt et placement du Québec a écarté hier un dirigeant d’une de ses filiales pour la deuxième fois en quatre jours.
L’institution qui gère le bas de laine des Québécois a annoncé en matinée que le PDG d’otéra Capital, Alfonso Graceffa, qui a bénéficié de 9,2 millions $ en prêts de la part de la filiale de la Caisse de dépôt qu’il dirige, se retire de ses fonctions le temps d’une enquête indépendante.
L’annonce est survenue quelques heures après que notre Bureau d’enquête eut révélé que MCAP, une filiale d’otéra Capital, avait consenti pas moins de 11 prêts immobiliers à des entreprises de M. Graceffa depuis 2010.
Celui-ci est président à la fois d’otéra et de MCAP. Le gestionnaire et ses associés se sont servi des fonds prêtés pour financer des immeubles résidentiels à revenus situés à Pointe-claire et à Côte-saint-luc.
C’est M. Graceffa lui-même qui « a offert de se retirer de toutes ses fonctions dans les filiales immobilières de la Caisse », écrit l’institution dans un communiqué.
La Caisse se dit « d’accord avec la décision ».
Selon nos informations, il continuera de toucher son salaire (d’un montant non divulgué) pendant son retrait.
SUSPENSION OU RETRAIT ?
Mardi, c’est une vice-présidente d’otéra Capital, Martine Gaudreault, qui avait été écartée temporairement de ses fonctions.
Là encore, l’annonce avait été faite à la suite des révélations de notre Bureau d’enquête. Nos recherches avaient permis de démontrer que Mme Gaudreault est partenaire d’affaires et de coeur avec Alain Cormier, un prêteur alternatif qui a longtemps été lié au clan mafieux Rizzuto.
Dans le cas de Mme Gaudreault, la Caisse parlait de « suspension » plutôt que de « retrait ».
En début de semaine, la Caisse de dépôt a annoncé qu’une enquête indépendante avait été confiée à un avocat pour faire la lumière sur les allégations visant Mme Gaudreault. Hier, cette enquête a été élargie à nos découvertes concernant M. Graceffa.
L’enquête indépendante permettra de « faire la lumière sur tous les faits », écrit la Caisse, qui promet que les conclusions seront publiques.
L’investigation est menée par Me Stéphane Eljarrat, un avocat externe. Jeudi, il a affirmé en entrevue qu’il avait eu « carte blanche », qu’il avait déjà constitué une « grosse équipe » et qu’il n’y a « personne qui veut que ça traîne ».
LEGAULT INQUIET
Hier matin, le premier ministre du Québec François Legault a semblé préoccupé par la série de révélations de notre Bureau d’enquête concernant la Caisse.
« Je trouve ça très inquiétant, Otéra », a-t-il réagi en marge d’un point de presse à Beauceville.
« Je vais suivre les résultats de l’enquête et je vais m’assurer que la Caisse de dépôt prenne toutes les mesures pour corriger la situation », a-t-il ajouté. – Avec la collaboration d’hugo Joncas et de Marc-andré Gagnon,
Bureau parlementaire