Maduro promet de bloquer l’aide américaine
De son côté, l’opposant Juan Guaido n’exclut pas une intervention militaire des États-unis au Venezuela
CARACAS | (AFP) Le président Nicolas Maduro a promis hier de bloquer l’entrée au Venezuela de l’aide humanitaire américaine sollicitée par l’opposant Juan Guaido, qui s’est dit prêt à faire « le nécessaire » pour sauver des vies, y compris autoriser une intervention militaire américaine.
« Nous ferons tout ce qui est nécessaire, tout ce que nous devons faire pour sauver des vies humaines, pour que des enfants cessent de mourir », a déclaré M. Guaido dans un entretien à L’AFP. Il répondait à la question de savoir si sa « main ne tremblerait pas devant la possibilité d’autoriser une intervention militaire des États-unis ».
« Nous ferons tout ce qui est possible. C’est une question évidemment très polémique, mais en faisant usage de notre souveraineté, en exerçant nos prérogatives, nous ferons le nécessaire », a dit l’opposant, qui s’est autoproclamé le 23 janvier président par intérim en invoquant la Constitution.
PREMIÈRE CARGAISON
Une première cargaison d’aide humanitaire envoyée par les États-unis est arrivée jeudi dans la ville colombienne de Cucuta, à la frontière avec le Venezuela, en réponse à l’appel de l’opposant, désormais reconnu par une quarantaine de pays, États-unis en tête.
« Le Venezuela ne va pas tolérer le show de la prétendue aide humanitaire, car nous ne sommes pas des mendiants », a répliqué le président Maduro hier, accusant une nouvelle fois cette aide d’être un cheval de Troie des États-unis pour intervenir militairement dans le pays pétrolier.
Le Venezuela, en proie à la plus grave crise économique de son histoire récente, est frappé par de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de nombreux produits de base. Plus de deux millions de personnes ont fui le pays depuis 2015.
À Cucuta, devant un entrepôt où de la nourriture et des médicaments attendent d’être distribués, le député vénézuélien d’opposition Lester Toledo, nommé coordinateur international de l’aide d’urgence par M. Guaido, a expliqué qu’il s’agissait des « premières gouttes » avant « un tsunami d’aide humanitaire ».
ISOLEMENT
Alors que la situation se tend de jour en jour au Venezuela, des analystes soulignent un isolement croissant du leader socialiste, dont la survie « dépend du soutien de ses alliés traditionnels, comme la Russie, la Chine et la Turquie », juge le cabinet de conseil Eurasia Group, basé à New York.
Des pays européens et latino-américains du Groupe de contact international (GCI) sur le Venezuela ont par ailleurs appelé jeudi à « une élection présidentielle libre, transparente et crédible ».