Le Journal de Quebec

Le potentiel de SNCLavalin en bourse

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Q Les nouvelles ne sont pas bonnes pour Snc-lavalin. Ce fleuron du Québec inc. est-il toujours attrayant ?

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Absolument ! Sauf si vous êtes déjà actionnair­e…

Snc-lavalin attend son procès pour fraude et corruption à la suite d’une enquête de la Gendarmeri­e royale du Canada portant sur des millions de dollars de pots-de-vin versés à des officiels libyens au début des années 2000.

Son EX-PDG, Pierre Duhaime, fut le dernier de ses ex-dirigeants à être récemment condamné dans l’affaire des pots-de-vin versés pour obtenir le contrat de l’hôpital anglophone CUSM. La clémence de l’entente entérinée par le tribunal génère une énorme controvers­e.

Jeudi, le premier ministre Trudeau réfutait les allégation­s du Globe and Mail, qui affirmait que l’ex-ministre de la Justice, Jody Wilson-raybould, aurait refusé une demande de son bureau réclamant une entente négociée plutôt qu’un procès.

Ces affaires nuisent à Snc-lavalin. Si elle est reconnue coupable, elle pourrait perdre son droit d’obtenir des contrats publics au Canada pendant une décennie.

L’AVENIR

Mais si vous êtes déjà actionnair­e, vendre s’impose peut-être, car récupérer vos pertes prendra du temps.

Plusieurs mois s’écouleront avant l’issue incertaine du procès au fédéral. Et le titre a perdu 28 % de sa valeur dans la seule journée du 27 janvier, car Snc-lavalin a révélé des éléments qui pourraient amener ses revenus sous les attentes des analystes, notamment une radiation de 1,2 milliard $ dans sa division pétrole et gaz (elle tire 11 % de ses revenus en Arabie saoudite), des pertes liées à un contrat minier et une décision d’arbitrage défavorabl­e en Australie.

Par contre, Snc-lavalin possède 16,7 % de l’autoroute 407, au nord de Toronto, qui lui procure des revenus récurrents, à la hausse.

L’été dernier, elle a annoncé qu’elle en vendrait peut-être 6,7 %, une transactio­n évaluée à 2 G$, fixant la valeur totale de sa part dans la 407 à 5 G$.

Par ricochet, le reste des activités de Snc-lavalin ne vaudrait plus qu’environ 6 $ l’action (qui cotait autour de 37 $ jeudi).

C’est trop peu, considéran­t ses revenus de 9,3 G$ (dont 54 % proviennen­t d’europe, d’asie, d’afrique et du Moyen-orient).

En 10 ans, le dividende est passé de 48 cents à 1,15 $ par action. Le taux de distributi­on se situe à environ 50 % des bénéfices depuis des années : la firme a donc encore les moyens d’assurer un dividende généreux. À 19,56, le ratio cours/bénéfice n’est pas rebutant. Le rendement de 3,07 %, très élevé comparé au passé, indique d’ailleurs un titre sous-évalué.

Un investisse­ur contrarian­t n’hésiterait pas à miser sur Snc-lavalin qu’il qualifiera­it de société performant­e, mais battue par le marché.

Au pire, il devra patienter avant d’espérer une remontée du titre.

Au mieux, il fera un gain intéressan­t si une Snc-lavalin affaiblie est rachetée par un concurrent aux poches pleines. Et ils sont nombreux.

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