Une centaine de Québécois dans le trouble en Haïti
Les violentes manifestations réclamant la démission du président se poursuivent au pays
Près de 100 Québécois sont coincés depuis une dizaine de jours dans un complexe hôtelier d’haïti en raison du féroce conflit politique sanglant qui paralyse le pays.
C’est en réponse à un président qu’ils considèrent menteur et corrompu que les Haïtiens protestent dans des conditions épouvantables depuis le 7 février.
« Les citoyens déplorent la mauvaise gestion et le fait que la vie coûte cher. Ils veulent la révolution », a expliqué Patricia Jean, une Haïtienne d’origine ayant vécu au Québec durant 25 ans. La femme de 33 ans a été jointe hier, à Port-au-Prince. Elle est confinée chez elle depuis le début du conflit.
Des scènes de carnages se manifestent de tout bord, tout côté. Des gens sont blessés et tués, des voitures incendiées, des routes bloquées, des rues désertées. On déconseille à la population de les emprunter, au cas où des protestataires surgissent et les attaquent.
Les affrontements entre les policiers et les manifestants haïtiens ont causé un mort, mercredi, portant à au moins sept le nombre de personnes tuées depuis le début du conflit.
« On ne peut pas sortir à l’extérieur, de peur de se faire lancer des roches, même si le mouvement de foule n’est pas contre nous », a-t-elle ajouté.
CONFINÉS À LA PLAGE
Tous les vacanciers québécois d’air Transat qui se trouvent au pays – une centaine au total-, ont été regroupés au Royal Decameron Resort, à environ 75 km de l’aéroport de Port-au-prince.
« On travaille avec les autorités pour avoir un convoi terrestre sécuritaire qui puisse les amener à l’aéroport », a confirmé Debbie Cabana, porte-parole d’air Transat. Un appareil et un équipage seraient prêts à tout moment pour un éventuel décollage, dit-elle.
Le rapatriement par hélicoptère ne serait pas priorisé par le transporteur, même si certains Québécois sur place avancent avoir aperçu des américains quitter de cette façon.
« On n’a pas de confirmation que d’autres transporteurs avaient organisé une évacuation de la sorte, a défendu la porte-parole. On préfère attendre qu’ils soient escortés. Ils sont en sécurité pour le moment. »
Deux employés de la Ville de Montréal se trouvaient également en Haïti. Le cabinet de la mairesse a précisé qu’ils avaient été rapatriés hier.
Toutefois, huit agents du Service de police de la Ville de Montréal s’y trouvent toujours.
« Pour l’instant, c’est le SPVM qui décide. On est en pourparlers avec eux. Ils sont associés à une mission de L’ONU, c’est une autre cercle de décision. On va les laisser faire leur travail », a précisé Valérie Plante, mairesse de la Ville de Montréal. Elle s’est toutefois assurée que les employés de la Ville reviennent le plus rapidement possible.
SIGNES PEU ENCOURAGEANTS
Sur les réseaux sociaux, les commentaires en créole ne laissaient guère croire que la situation allait s’améliorer aujourd’hui, selon Patricia Jean. « Ça s’annonce pire, même », a-t-elle précisé. Le président d’haïti devait s’adresser à la population, en soirée, hier. « Je ne sais pas si ça va calmer le jeu ou empirer la situation », a conclu Mme Jean.
Le gouvernement canadien a décidé hier de fermer temporairement son ambassade à Port-au-prince. « Nous continuerons à évaluer la situation dans les prochains jours afin de nous assurer que nos diplomates et leurs familles sont en sécurité», a indiqué le ministère canadien des Affaires étrangères, dans un communiqué.