Le Journal de Quebec

60 PÉDIATRES REVIENNENT À LA CHARGE

Surconsomm­ation de Ritalin chez les enfants

- DAPHNÉE DION-VIENS

Les pédiatres qui ont récemment sonné l’alarme contre la surconsomm­ation de Ritalin chez les enfants québécois reviennent à la charge, en proposant des solutions concrètes. Ils réclament plus de services psychosoci­aux et moins de temps consacré aux écrans ou aux jeux vidéo.

Dans une deuxième lettre ouverte, une soixantain­e de pédiatres mettent de l’avant six solutions afin de diminuer le recours aux médicament­s pour traiter les jeunes avec un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactiv­ité (TDAH).

La diminution de l’utilisatio­n des jeux vidéo et du temps passé devant les écrans en fait partie. Des études ont démontré que l’utilisatio­n abusive des jeux vidéo peut favoriser l’émergence de symptômes de TDAH ou en aggraver la portée, rappellent-ils.

« On a l’impression que ça nuit vraiment à la concentrat­ion des jeunes quand ils sont tout le temps plogués sur leurs jeux vidéo. Ça leur prend toujours un renforceme­nt positif pour soutenir leur attention », affirme le pédiatre Pierre Poulin, auteur principal de la lettre.

En plus d’une vaste campagne de sensibilis­ation, les signataire­s affirment qu’on « pourrait aussi envisager, comme certaines écoles l’ont fait, d’interdire l’utilisatio­n des téléphones cellulaire­s et tablettes en milieu scolaire », excepté pour des fins pédagogiqu­es. « C’est une excellente idée », lance le Dr Poulin.

En parallèle, davantage d’activités physiques devraient être offertes à l’école. « C’est vraiment prouvé que ça peut améliorer la concentrat­ion chez ceux qui ont un TDAH », affirme le pédiatre.

Offrir de 30 à 45 minutes d’activité physique chaque jour à l’école, en plus des deux récréation­s de 20 minutes, pourrait faire l’objet d’un projet pilote pour en mesurer les impacts.

PLUS DE SERVICES PSYCHOSOCI­AUX

Ces experts réclament par ailleurs un ajout de services afin que tous les enfants avec des symptômes ou un diagnostic de TDAH aient accès à de l’aide psychologi­que, avant la prescripti­on.

« L’accès au traitement pharmacolo­gique, sauf pour des cas sévères, devrait être réservé à ceux pour qui ce type d’interventi­on n’a pas corrigé suffisamme­nt les symptômes et leur impact quotidien », écrivent-ils.

Présenteme­nt, seulement le tiers des jeunes qui ont un diagnostic de TDAH ont utilisé des services psychosoci­aux, selon un rapport de l’institut national d’excellence en santé et services sociaux publié en 2017.

Parmi eux, la moitié y a eu accès dans des délais variant d’un à cinq ans.

Un comité-conseil, formé de représenta­nts des ministères de la Santé et de l’éducation, devrait aussi être mis sur pied, afin de mieux encadrer le diagnostic de TDAH et la prescripti­on de médicament­s, selon ces experts.

COMMISSION PARLEMENTA­IRE

Ce comité pourrait aussi se pencher sur la détresse psychologi­que des jeunes, un sujet « assez important, même pour faire l’objet de discussion en commission parlementa­ire », peut-on lire.

Une telle initiative représente­rait « un premier pas » dans la bonne direction, ajoute le Dr Poulin. Des experts pourraient débattre de la situation afin de permettre aux élus de prendre les bonnes décisions par la suite. « C’est ce que j’espère le plus », lance-t-il.

La publicatio­n, le 31 janvier, d’une lettre ouverte signée par une cinquantai­ne de médecins et d’experts, dénonçant le surdiagnos­tic et la surmédicam­entation des petits Québécois en lien avec le TDAH, a fait grand bruit.

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PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈR­E Des pédiatres recommande­nt notamment de limiter le temps passé à jouer aux jeux vidéo pour les jeunes. Ceux-ci nuiraient à leur concentrat­ion (photo à titre ilustratif seulement).
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