Maternelles ou piqueries ?
Le Journal hier titrait « Front commun contre les maternelles quatre ans ». Les camarades de l’éducation montent aux barricades comme si François Legault voulait instaurer un réseau de piqueries 4 ans au lieu de maternelles 4 ans.
Selon un récent sondage, 51 % des parents croient que le CPE incarne la qualité contre 6 % pour les maternelles 4 ans. Les sondés avaient-ils essayé les deux systèmes ? Sûrement pas. (Notons au passage que seulement 7 % ont répondu « les parents » à la question sur la qualité.)
Pour les uns, c’est une question de moyens. Il faut des salles de classe, des enseignants, des spécialistes, beaucoup de temps et d’argent, sans garantie de résultats avant 15 ans.
D’autres y voient une attaque idéologiquement motivée contre les CPE. Une chroniqueuse de centre gauche disait à la radio que la maternelle 4 ans allait sonner la fin des CPE.
C’est dur de critiquer les saintsCPE, mais ils coûtent cher. Depuis leur création en 1997, le budget annuel des programmes de garde québécois est passé de 300 M$ à 2,6 G$ en 2015.
Nous sommes en droit de demander s’ils contribuent à la réussite scolaire.
LES SAINTS-CPE
Ils sont nombreux dans le monde de l’éducation à ne pas comprendre « l’obsession » du gouvernement pour les maternelles 4 ans, préférant « renforcir » (comprendre « élargir ») le réseau des CPE.
C’est le cas du Conseil québécois des services éducatifs à la petite enfance.
Mais quand la directrice Francine Lessard affirme que les maternelles 4 ans ne répondent pas aux besoins des enfants, elle défend ses membres, les CPE. Pas les enfants.
Pourtant, les maternelles 4 ans semblent fonctionner en Ontario, qui affiche une diplomation au secondaire de 82 % pour les garçons contre 57 % au Québec. Pour les filles, l’ontario atteint 87 % de diplomation contre 71 % ici, selon l’institut du Québec.
En avril dernier, l’institut rapportait que le Québec fait du sur place en matière de décrochage – en excluant les écoles privées. Avec 64 % de diplomation en cinq ans, le Québec arrive toujours dernier au Canada, et l’ontario est troisième avec 84 %.
Je ne suis pas éducatrice, mais je sais reconnaître la petite politicaillerie. Il n’y a pas de cause à effet, mais comme on dit, si les CPE réduisaient le décrochage à grande échelle, on le saurait déjà.
COMMISSIONS SCOLAIRES
Les commissions scolaires crient au manque d’espace et de personnel, des difficultés réelles, mais pas insurmontables dans un pays riche. L’ontario a mis des années à implanter son réseau, c’est normal.
À LCN, Alain Fortier, président de la Fédération des commissions scolaires du Québec, un autre grand penseur des profondeurs, y allait d’un majestueux argument : « […] Notre rôle comme commission scolaire, c’est d’accueillir tous les élèves et leur donner le service nécessaire. Et pour ça, il faut être capable de le faire. »
Ainsi parla un bonze québécois de l’éducation.
J’ignore si la maternelle 4 ans présente LA solution mur-à-mur pour la réussite scolaire, mais personne ne le saura si les opposants s’entêtent dans leurs chicanes de clochers corporatistes.
Derniers au Canada pour un champ de compétences exclusif au Québec, ça suffit.