Le Journal de Quebec

Une histoire tirée par les cheveux

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

C’est l’histoire d’un comédien américain, qui est noir et homosexuel, qui joue dans une série populaire.

Un jour, il raconte s’être fait tabasser dans la rue par deux hommes blancs masqués qui lui ont lancé des insultes racistes et homophobes, lui ont passé une corde autour du cou et l’ont aspergé d’eau de Javel en criant « On est au pays de MAGA ( Make America Great Again) ! »…

Mais voilà qu’on apprend en fin de semaine que non seulement le comédien Jussie Smollett (de la série Empire) aurait possibleme­nt tout inventé, mais CBS affirme même qu’il aurait payé 3500 $ à deux hommes, Noirs, pour créeré une mise en scène de toutes pièces.

Après le « fake news », le « fake crime »?

QUI CROIRE ?

L’histoire est tellement énorme qu’on pourrait penser que c’est un mauvais scénario, écrit par un mauvais auteur. Les nombreux rebondisse­ments, en fin de semaine, de l’histoire de Jussie Smoll lett sont tellement rocamboles­ques qu’on nee sait plus qui croire. La police affirme que l’enquête (sur l’agression raciste et homophobe) a « changé de trajectoir­e ». L’avocat de Smollett affirme que son client n’a jamais inventé d’agression.

Quand l’histoire de Jussie Smollett est sortie, plusieurs ont trouvé ça tiré par les cheveux.

Vraiment, à Chicago, en 2019, des Blancs se promènent dans la rue avec une corde et un contenant d’eau de Javel, en cherchant un comédien gai qu’ils pourraient bien traiter de tapette ? Ho hé, capitaine, pousse mais pousse égal.

Pourtant, des tonnes de médias ont relayé l’histoire sans émettre le début du commenceme­nt de l’amorce d’un bémol.

Et ceux qui ont émis des doutes se sont fait traiter de sales racistes d’extrême droite pro Trump.

Ce qui est fascinant dans l’affaire Smollett, c’est qu’elle réunit tous les ingrédient­s explosifs de l’amérique : le vedettaria­t, l’homosexual­ité, la race, la politique, une certaine culture de « victimite » et des médias qui sautent aux conclusion­s avant même de connaître le fin mot d’une histoire.

Chez une certaine gauche, si un homme noir homosexuel se dit victime, on le croit sur parole… parce que ça rentre dans notre « trame narrative » (des suprémacis­tes blancs, encouragés par Trump, envahissen­t nos villes).

Chez une certaine droite, si des sources laissent entendre que le gars en question est un menteur, on croit ces sources sur parole… parce que ça rentre dans notre « trame narrative » (les minorités sont prêtes à inventer n’importe quoi pour salir la réputation des hommes blancs).

Le plus perdant dans ces histoires, c’est la vérité. Comment le public peut-il avoir confiance dans les médias quand ils servent uniquement de courroie de transmissi­on à des idéologies partisanes ?

JOUER LA COMÉDIE ?

Quant à Jussie Smollett, je ne sais pas plus que vous, au moment d’écrire ce texte, s’il s’est vraiment fait tabasser ou s’il est vraiment un très bon comédien qui a « joué » au gars agressé.

Mais une chose est sûre : s’il a menti et en effet payé pour orchestrer cette fausse attaque, il prouverait qu’il a très bien compris comment devenir une vraie vedette aux États-unis. Peu importe ce que tu fais, comporte-toi en victime. Les médias adorent ça.

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Jussie Smollett

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