Le Journal de Quebec

L’ami et bras droit de Trudeau sacrifié

Les têtes continuent de rouler dans la foulée de l’affaire de la firme Snc-lavalin

- GUILLAUME ST-PIERRE

OTTAWA | Coup de tonnerre au fédéral. Le plus influent conseiller et ami du premier ministre Justin Trudeau, Gerald Butts, s’est sacrifié en démissionn­ant, hier, dans la foulée de l’affaire Snc-lavalin.

« M. Trudeau va sûrement trouver le temps long et s’en ennuyer », résume la politologu­e de l’université d’ottawa, Geneviève Tellier. C’est son bras droit. »

L’affaire Snc-lavalin continue de faire rouler les têtes dans l’entourage du premier ministre. La semaine dernière, l’ex-ministre de la Justice et des Anciens Combattant­s Jody Wilson-raybould a claqué la porte du cabinet. Les raisons de son départ sont encore inconnues.

Citant des sources confidenti­elles, le journal The Globe and Mail allègue que le bureau du premier ministre a fait d’intenses pressions sur Mme Wilson-raybould pour aider la firme d’ingénierie à éviter un procès criminel. Celle-ci aurait refusé, quelques semaines avant de perdre son poste à la Justice.

M. Butts admet être personnell­ement visé par les allégation­s d’ingérence politique. Malgré sa démission, il nie « catégoriqu­ement » avoir quoi que ce soit à se reprocher.

Il souligne que sa décision vise d’abord et avant tout à protéger son ami.

« La réalité, c’est que ces allégation­s existent. Elles ne peuvent et elles ne doivent en aucun cas faire obstacle au travail essentiel qu’effectue le premier ministre », explique-t-il.

M. Butts insiste pour dire qu’il n’a « jamais servi les intérêts des sociétés privées ».

ANGUILLE SOUS ROCHE

Le départ du secrétaire principal du premier ministre ne risque pas de calmer les opposition­s, qui continuent de réclamer des explicatio­ns.

Pour le chef conservate­ur Andrew Scheer, la démission de M. Butts « est le signe le plus clair que l’affaire SNC-LAVAlin est beaucoup plus grave que ce que le premier ministre veut admettre ».

« Il est maintenant plus important que jamais que M. Trudeau lève le secret profession­nel pour que Jody Wilson-raybould puisse donner sa version des faits aux Canadiens », a-t-il commenté.

CONTRE-ATTAQUE ?

Le Nouveau Parti démocratiq­ue a de son côté réclamé la tenue d’une enquête publique indépendan­te.

Pour le Bloc québécois, le gouverneme­nt Trudeau a « saboté » les chances de Snc-lavalin, accusée de fraude et de corruption, de conclure une entente à l’amiable avec le fédéral.

Le départ de M. Butts est susceptibl­e de calmer la grogne de députés insatisfai­ts de la gestion de la crise, croit un stratège libéral, Greg Maceachern.

Il estime que M. Butts pourrait se servir de sa liberté de parole retrouvée pour contre-attaquer.

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GERALD BUTTS
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PHOTO COURTOISIE Gerald Butts (à gauche) et Justin Trudeau se connaissen­t depuis très longtemps comme en témoigne cette photo des deux hommes prise sur les marches du pavillon des Arts de l’université Mcgill, à Montréal, pendant leurs études dans les années 1990.

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