Le Journal de Quebec

Snc-lavalin : où était le conseil d’administra­tion ?

- MICHEL GIRARD

Avec tous les scandales boursiers qui ont éclaté au fil des décennies, la bonne gouvernanc­e au sein des conseils d’administra­tion des sociétés a connu son lot de ratés.

La fourberie et l’incompéten­ce de gestion ont eu raison des Enron, Worldcom, Global Crossing, Tyco et autres grandes sociétés américaine­s.

Ici au Québec, on ne peut pas dire que Snc-lavalin et Bombardier prêchent par l’exemple… la bonne gouvernanc­e.

Alors que Snc-lavalin a fait l’objet de nombreuses accusation­s de fraude et de corruption, Bombardier est venue à un cheveu de sombrer financière­ment à cause des mauvaises décisions de la famille Beaudoin-bombardier.

Heureuseme­nt que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) s’est portée à leur défense. La CDPQ est devenue la principale actionnair­e de Snc-lavalin avec 20 % des actions ; et elle a investi 2 milliards $ dans Bombardier Transport. Et comme on sait, Québec a investi pour sa part 1,2 milliard $ dans la survie de la C Series, cédée gracieusem­ent à Airbus par la suite.

AVEUGLEMEN­T

Concernant Snc-lavalin, comment peut-on expliquer que les 10 membres du conseil d’administra­tion en poste à l’époque de la corruption n’aient absolument rien vu? Était-ce par incompéten­ce; par manque de temps (étant occupés à siéger à plusieurs CA d’entreprise­s, voire de deux à six); ou tout simplement par manque de vigilance ?

Du côté de Bombardier, le problème est différent. Le conseil d’administra­tion était à la merci des actionnair­es de contrôle, la famille Beaudoin-bombardier. Et leur décision d’investir massivemen­t dans le développem­ent de la C Series a généré des pertes substantie­lles, au point d’amener Bombardier au bord de la faillite.

Le grand patron de la Caisse, Michael Sabia, avait rencontré les dirigeants de Bombardier (Pierre Beaudoin et Alain Bellemare) pour leur faire part de ses préoccupat­ions quant à la gouvernanc­e de la multinatio­nale. En 2017, la Caisse avait voté contre l’élection de Pierre Beaudoin à la tête du CA et la politique de rémunérati­on des dirigeants.

Pierre Beaudoin a quand même été élu président du CA et la politique de rémunérati­on des dirigeants est restée très généreuse !

LA BONNE GOUVERNANC­E

Ces dernières années, les grands fonds d’investisse­ment (tels Blackrock, State Street Corp) et les grandes caisses de retraite (comme CALPERS, Teachers, CDPQ) ont mis énormément de pression sur les grandes entreprise­s dans le but de les forcer à améliorer leur gouvernanc­e.

Par exemple, aux yeux de la Caisse, voici quelques principes qui devraient régir un bon conseil d’administra­tion d’une entreprise : √ Être constitué d’une majorité

d’administra­teurs indépendan­ts ; √ Constituer des comités composés entièremen­t de membres indépendan­ts, dont les activités font l’objet d’une reddition de comptes; √ Avoir préférable­ment un président indépendan­t de la direction de l’entreprise ; √ Pouvoir compter sur des administra­teurs disponible­s et assidus aux réunions. Le mot de la fin à Yvan Allaire, président de l’institut sur la gouvernanc­e d’organisati­ons privées et publiques :

« Si c’est par sa légitimité qu’un conseil acquiert le droit et l’autorité d’imposer ses volontés à la direction, c’est seulement par sa crédibilit­é qu’un conseil devient créateur de valeur pour toutes les parties prenantes d’une organisati­on. »

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